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Atelier : Apprendre à écrire et à lire en méthode naturelle...

 

Atelier de Martine Castier et Martine Legay

La méthode naturelle s’inscrit dans la durée mais nous n’avons ensemble qu’une heure et demie. Nous vous proposons donc de vous présenter chacune Martine et moi, nos deux façons de faire. 

Nous allons prendre environ 20 mn puis vous pourrez prendre la parole, raconter vos expériences et poser vos questions.

Tout d'abord, j'insisterai sur la notion de plaisir et de confiance. Le plaisir d'être ensemble, le plaisir de partager, d'échanger, le plaisir de réussir, le plaisir d'écouter les autres ... 

Quant à la confiance, c'est d'abord l'adulte qui l'a en tous et qui le montre. Cela apporte la sérénité, la sécurité. C'est très important.

Voici le déroulement de la première semaine de septembre. L'aventure des tout premiers textes. Dès le premier jour de rentrée, nous échangeons sur le pourquoi nous apprenons à lire. Je leur dis que savoir lire c'est avoir plus de liberté. (Dans les Carnets du Vieil Ecrivain, Jean Guéhenno écrit : "un livre est un outil de liberté". Il entend par là que "c'est un temps qu'on se donne pour ne plus vivre par influence, par contagion, mais pour reconnaître, choisir son propre chemin et devenir soi-même." )Je présente aux enfants leur cahier d'expression écrite que nous appelons notre cahier d'écrivain. Je leur précise qu'il sera notre plus précieux cahier.
Et je leur pose aussi une question : Qu'est-ce que l'expression écrite, qu'est-ce qu'un écrivain ? Deux mots "expression" et "écrite" qu'il nous faut interroger. J’invite les CE1 à expliquer aux CP ce qu’est l’expression écrite. Le mot « expression » vient de s’exprimer.
On peut s’exprimer par la parole, la danse, la peinture, la sculpture, la poésie, l’écriture, la bande dessinée, la musique, les sciences…  C'est important qu'ils entendent qu'il y a d'autres formes d'expression. Le mot « Écrite »montre qu'il s’agit bien ici d’écrire. Ce cahier est le leur. Ils pourront y écrire quand ils le désirent.

Je leur dis : « Vous allez apprendre à lire, oui, et avec des textes que vous allez écrire.
Comment ? : « On va se mettre tout de suite au travail. Vous allez d'abord écrire des textes et je vais vous aider. »
Les enfants ont déjà pratiqué la dictée à l'adulte en maternelle, mais ils n'ont jamais écrit de textes libres. Le mot libre est important pour moi

Je leur explique aussi ce que vont devenir ces textes, que nous allons les apprivoiser pour apprendre à lire et à écrire avec eux, à partir d'eux. Je précise encore que chacun va se raconter ou raconter une histoire, réelle ou non.
Une histoire que nous devrons tous comprendre car chacun la lira à la classe.

Pour que les enfants se mettent à écrire, je leur dis :
« Vous avez l'habitude qu'on vous lise des livres, qui vous racontent des histoires avec des sujets, des personnages que vous aimez, ces livres sont écrits par des auteurs, qui choisissent ces personnages, ces sujets, aujourd'hui l’auteur c'est vous, c'est vous qui choisissez le personnage, le sujet dont vous voulez parler aux autres élèves de la classe, car ce que vous allez écrire, nous allons le lire, le présenter à toute la classe. 
Pour illustrer cette capacité à inventer des histoires, le premier livre de bibliothèque choisi en ce début d'année est un JMagazine : je leur montre que les histoires sont des histoires inventées par des enfants et illustrées par d'autres enfants. Ce livre est choisi par les enfants le premier jour d'école, emmené à la maison, avec des consignes aux parents pour le lire à leur enfants (Les livres empruntés (qui sont ensuite des livres issus de la littérature enfantine sont aussi présentés à la classe à un autre moment de présentation. Ces présentations, qui impliquent les parents pour la préparation, sont également pour les enfants une entrée dans la culture pour les enfants qui s'y réfèrent tout au long de l'année).
Vous ne savez pas écrire ?
Vous allez, sur la feuille de votre bloc,(spirale A5), inscrire la trace de votre histoire, donc vous pouvez « écrire », comme vous le pensez, ou dessiner ( outils crayons de bois et de couleur), l'important est que quand vous venez me voir, vous sachiez exactement ce que cela raconte, vous devez savoir ce que vous voulez que j'écrive. »

Dans ma classe, le cahier d'écrivain est un cahier de travaux pratiques avec une page dessin et une page seyès. Les enfants vont commencer par réfléchir à ce qu'ils souhaitent raconter (ils peuvent fermer les yeux…) puis en faire le dessin. C’est un peu un secret qu’on partagera à la lecture des textes.

Cela fait deux ans que j'ai dans la classe des élèves que j'ai eu en Grande Section, qui comprennent tout de suite de quoi il s'agit et qui sont moteurs pour les autres, mais il m'est déjà arrivé d'avoir des élèves qui n'ont jamais pratiqué le texte libre et cela fonctionne bien aussi.
Je m'assure simplement que tout le monde a une idée, je passe pour encourager. Je partage avec le groupe les idées rencontrées en passant d'un enfant à l'autre.

Ils dessinent en m'attendant. Je passe les voir un par un. Je me pose près d'eux en transportant ma petite chaise. C’est le temps de la dictée à l’adulte qui suit ou précède la phase de dessin en fonction de ma venue. L’enfant dessine son histoire, me la raconte puis nous choisissons ensemble ce que nous allons écrire. Ici l'aide de l'adulte est importante, il ne faut pas que lors de la lecture, les enfants soient mis en difficulté. J'écris mais la présentation du texte est importante. Elle doit aider l'enfant à une lecture aisée. Quand il le présentera au groupe, il ne doit pas être en difficulté et ces différentes lignes seront mémorisées et utilisées pour la construction de nouveaux textes. On appelle souvent ces lignes « groupes de souffle » mais ce sont plus des groupes de sens. Ils peuvent ainsi plus facilement le mémoriser, le relire avec un CE1 puis au groupe.

26 CP qui font leur trace pour écrire...tout le monde a fini sa trace et je ne vais pas pouvoir tout écrire…
Alors pour le premier texte, j'ai choisi de faire la présentation à la classe tout de suite et écriture simultané par moi. Par jour, je peux faire passer 6 enfants (maximum) pour que tout le monde passe dans la semaine. (disposition des élèves dans la classe pour la présentation)
Au lieu d'être en relation duelle avec moi comme cela sera le cas pour les autres textes de l'année, Les enfants volontaires ce premier jour viennent me dicter leur texte, en présence de la classe entière, comme pour une présentation. Puis les autres enfants et moi même intervenons, posons des questions sur ce qui a été dit, faisons des remarques et nous transformons cet écrit, en « texte qui pourrait être dans un livre ».

L'après midi de ce même jour d'écriture, il y a un moment de lecture de textes pour les CP. Tous les enfants de la classe sont présents. Nous sommes installés en cercle en essayant d'alterner un CP et un CE1 pour l'aide à la lecture.
Chaque CP va lire son texte à la classe. Les autres ont la possibilité de lui poser des questions. Souvent quatre ou cinq pour ne pas allonger ce moment. (Environ 30mn)
Moi, je suis dans le même cercle et je note sur mon cahier "lecture des textes" le prénom de l'enfant et le titre de son texte.
Lorsque chaque enfant de CP a lu son texte, nous nous remémorons les titres. Chacun choisit celui qu'il a préféré, qui l'a le plus intéressé.
Puis ils passent un par un me dire à l'oreille le titre du texte pour lequel ils votent.
Le texte qui a reçu le plus de voix sera le texte élu de la semaine pour les CP.

Exemple de Norah :

2. Questions des enfants :

D : Pourquoi elle remonte dans le ciel

RéN : Pour continuer son chemin

R : Pourquoi elle cueillait des fleurs ?

Ré N : Elle les trouvait jolies, elle les voulait dans sa maison.

M : En fait, elle va où ?

Ré N : Elle va dans son jardin
I: Pourquoi elle va dans son jardin ?

N : ne répond pas

Enseignant : Pour faire de la magie ?

D : Oui, avec sa baguette, elle peut…dire aux fleurs d'aller dans le vase dans la maison

Enseignant : et aux autres fleurs, les petites ?

Ce texte est ensuite recopié dans le cahier d'écrivain de l'enfant puis saisit par l'enfant lui même sur le site de l'école.

Le lendemain matin, le mardi, c’est le temps de la mise au point du texte élu la veille : les enfants déplacent leur chaise et sont assis en demi cercle face au tableau.
J'écris le texte élu la veille au tableau en utilisant une couleur différente par ligne.
Lire c'est découvrir la pensée de l'autre. Ils sont alors dans une position de découvreur, de chercheur.
C'est un temps de partage, les connaissances des uns et des autres s'échangent.
Les enfants me regardent écrire, font des remarques le plus souvent sur ce qu'ils reconnaissent.
Les enfants émettent des hypothèses sur le texte (en écho à la lecture de la veille), font des remarques.
Bien sûr les règles sont les mêmes sur ce moment là que celles de la classe au quotidien. On chuchote car les CE1 sont dans le même temps en travail individualisé.
C'est le moment des "c'est comme", des découvertes des mots répétés, des reconnaissances de mots connus (du prénom par exemple).
Nous relisons plusieurs fois le texte tous ensemble et ses différentes lignes isolées.
Puis je leur demande de lire la ligne bleue par exemple, puis de retrouver les mots mangés par le crocodile. (A expliquer)(Mise en scène : ils se cachent les yeux pendant que le crocodile mange un mot). Ceci pour qu'il commencent à repérer non plus des lignes mais des mots.
Puis le texte sera lu par chacun en suivant les mots avec une petite baguette sous l'œil attentif des autres. Ils sont seuls. Ils chuchotent. C'est une lecture coopérative. Chacun doit montrer qu'il sait lire le texte. Je suis avec les CE1 en gardant un œil sur les CP.

Ces textes vont aussi être les textes avec lesquels nous allons apprendre à lire.
Dès les premiers textes écrits, un texte va être « choisi » pour être le matériau d'étude de la langue.
« choisi » : dans ma classe les enfants ne votent pas, c'est moi qui choisis le texte, en fonction pour ce premier texte de l'écho de ce thème dans les productions des enfants (plusieurs textes parlaient de la mer), de l'intérêt suscité par ce texte quand il a été écrit devant nous, de l’enthousiasme des enfants pour le sujet, de la longueur du texte (nous sommes en début d'année, il ne faut pas un texte trop long), du vocabulaire de ce texte par rapport aux autres textes sur le même thème.
Le premier texte de l'année (lu la deuxième semaine, puisqu'il me faut une semaine pour avoir tous les textes):

Le jeudi, le texte est affiché en A3 sur un mur de la classe.
Chacun glisse dans son porte vues, le texte, écrit avec la même mise en page qu'au tableau la veille. Nous nous construisons un recueil de lecture utilisé en classe et à la maison afin de garder une mémoire.
Je distribue aux enfants la feuille de lecture qui sera dans notre porte vues. Ce porte vues de lecture se construit jour après jour. Ils ont la consigne de lire le texte travaillé le mardi, seul et ou avec un autre CP et ou un CE1.
Ce même jour, je leur donne les étiquettes correspondantes au texte. Elles seront toutes de la même couleur pour tous les textes. Ils les découpent et reconstruisent le texte, essayent de relire les différentes étiquettes séparément. Puis ils les rangent dans leur boîte d'étiquettes. Ils travailleront chaque jour avec.

Le texte écrit comme celui qui est au tableau est donné, à coller dans un cahier de Lecture , qui sera le cahier qui ne contient que les textes de lecture de l'année, ceci afin que les enfants se repèrent,
Le découpage en ligne est important.

Travail des enfants sur le texte :  savoir retrouver une ligne (montrer une ligne nommée)

savoir redire une ligne montrée

Le découpage en ligne permet aux enfants de reproduire le texte en étiquettes lignes, puis d'inventer de nouvelles phrases avec les lignes du texte mélangées.

C'est un travail sur le sens, les enfants vont tout de suite produire de l'écrit qui aura un sens. Ce moment est un moment d’entraînement utile et nécessaire.

Certains isoleront déjà des mots, c'est ce vers quoi on va vite tendre.

Les remarques faites par les enfants lors de la découverte sont notées et sont la base de notre travail d’analogie pour entrer dans le travail d'analyse des mots.

Une erreur de reconnaissance d'un mot permet de vérifier si c'est bien le même mot (deux baguettes, épeler les mots, chercher ce qui est pareil, ce qui est différent, pourquoi).