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Atelier : Passer d'une société d'individus à une communauté de personnes...

 
Christian Rousseau, Sylvie Pralong, Martine Roussel (secteur maternelle).

 

L'atelier débute par la projection d'une video comportant des extraits des DVD « Pratique Freinet en maternelle » ainsi que de vidéos personnelles des animateurs.

Suite à ce visionnage, nous réfléchissons aux questions suivantes.

 

Qu'est-ce qui fait la spécificité d'une classe maternelle fonctionnant en pédagogie Freinet ?

Quelle est la part du maître pour arriver à une communauté ?

Comment parvenir à la constitution d'un patrimoine de la classe ?

 

Pistes émergeant de la video :

 

La présentation des réalisations des enfants :

Un enfant présente une réalisation, et c'est tout le groupe qui va discuter à partir de cette réalisation. Elle sera nommée (l'escargot de Untel), la création est reconnue comme la création de Untel, c'est sous ce nom qu'il y sera fait référence plus tard. C'est ce qui permet d'ancrer la réalisation dans le patrimoine commun.

 

L'atelier de la bonne idée (classe de Muriel) :

Atelier proposé quotidiennement à partir d'une boîte de matériel d'incitation à la recherche mathématique. Les enfants qui sont à cet atelier ont à leur disposition des éléments (jetons, allumettes, cartes à jouer, images, cartes avec différentes représentations du nombre…).

Le matériel est identique pendant 2 semaines.

Consigne : tu cherches une bonne idée à faire avec ce matériel.

L'enfant produit quelque chose, puis explique à l'enseignant ce qu'il a fait.

Ensuite, il présente sa production au groupe lors d'un temps collectif dédié à cela, et les autres enfants doivent trouver quelle était la bonne idée de leur camarade.

Les productions sont affichées au fur et à mesure, ce qui permet de refaire une idée déjà présentée ou d'en chercher une nouvelle.

Idée : à la fin des 2 semaines, finaliser par la création d'albums reprenant les bonnes idées trouvées.

 

Répétitions, routines :

Permet de partager des expériences communes, c'est cela qui sera à la base de la constitution d'un patrimoine commun.

En début d'année, personne ne se connaît, donc on explicite beaucoup. On installe des routines qui permettront petit à petit le passage à l'implicite.

Dans ces temps partagés, ritualisés, on installe petit à petit des discussions, des répétitions, mais aussi de la conceptualisation.

Cela se construit au fil du temps.

 

Petit à petit on voit apparaître chez les enfants une jubilation à l'évocation des expériences vécues, en général il y a 3 ou 4 mois de décalage pour que pour eux ce soit de l'histoire.

 

Questions :

Comment les enfants s'approprient-ils l'idée de patrimoine commun ?

Quand un enfant présente qqch, est-ce que les autres écoutent ?

 

Le niveau d'écoute est évidemment fluctuant, certains enfants ne vont pas s'intéresser à ce qui est présenté, voire vont quitter le groupe lors de ce moment. Mais ils vont peu à peu construire le fait qu'ils ne sont pas tout seuls, à un moment, il va y avoir une accroche (par exemple, il va lever la tête en entendant les autres s'exclamer devant une production, et regarder ce qui se passe).

 

Il y a un facteur sensible et intime qui fait que ça marche, parce que c'est de leurs présentations qu'il s'agit. La classe va se rappeler de tout ce qui a été montré au quoi de neuf, en regardant des photos.

 

Les moments collectifs ne sont pas seulement les moments de regroupement avec l'adulte, mais également quand 3 enfants sont en train de peindre côte à côte, ou qq enfants en train de dessiner à la même table… Ils voient, ils regardent ce que font les autres, et il existe une contamination qui se construit si on l'encourage. Là encore, il faut accepter de laisser du temps pour que ça se fasse.

 

Quelles traces utiliser pour favoriser cette culture commune ?

Le plus important, plus que les traces qu'on va en garder, c'est que ces moments existent, et pour cela il faut des routines, et donc que ça s'installe dans la durée.

Le premier obstacle auquel nous devons faire face est d'être en capacité de se lâcher, de laisser faire (tout en restant maître du temps, du lieu, du matériel). Pour cela il ne faut pas rester seul, sinon on risque de vouloir se protéger, et de revenir en arrière. Donc, il faut investir les GD, s'inscrire à la liste de diffusion maternelle, discuter avec les collègues...

 

Les traces permettent de mettre à disposition des enfants et des parents des supports consultables, (avec ce qui est montré aux présentations, photos, albums thématiques, cahier de vie de classe…).

Quand ça s'installe dans la durée, les enfants reviennent dessus, petit à petit ils le montrent aux parents, c'est une mémoire.

 

Les traces ne sont pas indispensables pour que les enfants apprennent, ni même pour qu'ils construisent une culture commune. En revanche elles sont indispensables pour le lien avec les familles, pour faire passer cette culture commune de la classe dans les familles.

 

Certains domaines ne se prêtent pas aisément à la constitution de traces : créations sonores, expression corporelle…

 

Comment faire pour que la trace ne soit pas trop de la main de la maîtresse, surtout en PS ?

Ne pas avoir peur de faire pour les élèves (pas à la place).

Le fait que l'adulte fasse/fabrique une grande part de la trace n'est pas un problème en soi.

C'est aussi le rôle de l'adulte.

L'accumulation est importante, car elle permet de dégager des concepts, notamment mathématiques. Mais il faut qu'elle s'organise pour cela, c'est le rôle d'institutionnalisation du maître. Petit à petit la part des enfants va augmenter.

 

Par ailleurs, un cahier de vie avec des photos qui passe dans les familles est un bon support pour des PS qui ne parlent pas beaucoup.

 

Le patrimoine :

Créer un patrimoine commun, c'est plus que « les enfants ont compris le fonctionnement de la classe ».

 

Le patrimoine, c'est ce qu'on partage, mais il y a aussi une question de regard, qqch de l'ordre de la reconnaissance : on est ensemble, on regarde et on partage ce regard, c'est ce qui fait que la construction commune existe.

 

Le patrimoine n'est pas une fin en soi, il permet avant tout aux enfants de travailler et d'interagir librement. C'est dans les échanges libres que se fait le travail, et pour cela il est nécessaire d'avoir un patrimoine.

 

Quand le groupe a pris l'habitude de qqch qui a été fait avant, on peut le transférer à d'autres choses (« moi je vais faire comme... »).

 

Cela dépend de notre capacité à socialiser, à institutionnaliser, et à se retirer pour favoriser les interactions, à ne pas rester au centre.

Il existe des dispositifs qui une fois qu'ils sont institués permettent au maître de se mettre progressivement en retrait.

 

Exemple : installer un parcours de grande motricité, classe multi-âge de Christian Rousseau.

Le matériel est proposé tous les jours pendant 2 semaines, de façon à installer une routine, montrer aux enfants comment on s'en sert. Ensuite, on les laisse se débrouiller pour installer un parcours. Consignes : installer un parcours qui puisse être suivi sans poser le pied au sol / ne pas courir pendant l'installation.

 

Le fait de fonctionner en classe multi-âge aide à construire cette culture commune, car des éléments du vécu commun perdurent d'une année sur l'autre, principalement les cadres, les habitudes de travail, mais pas seulement. C'est plus que du fonctionnement qui reste pour les anciens.

 

Question : et pour les nouveaux élèves intégrant une classe multi-âge ?

La difficulté est de ne pas rester enfermés dans ce patrimoine des anciens.

Accepter que ce patrimoine ne soit pas intouchable, qu'il puisse être transformé. Certains éléments du patrimoine vont être délaissées par les anciens élèves, au profit de ce qui se vit dans ce nouveau groupe.

 

Posture du maître : comment se mettre en retrait ?

La classe maternelle est une société composée d'individus qui ne se choisissent pas, mis dans un milieu qu'ils n'ont pas choisis, et qui vont devoir vivre ensemble.

Il doit y avoir des règles communes

L'idée est d'arriver à des formes d'autorégulation.

 

A propos du « gavage » des jeunes enfants préconisé dans certaines ESPE :

Ne pas gaver ne veut pas dire ne pas nourrir.

La nourriture culturelle fait aussi partie du patrimoine commun (albums...)

Mireille Brigaudiot dit qu'il faut arrêter de faire parler les enfants en maternelle de façon artificielle.

On ne peut parler ensemble que de choses qui ont été partagées avant.

Dans un premier temps, l'adulte fait beaucoup de monologue, pour dire les choses, à quoi elles servent. Des routines vont être proposées de façon directive.

A la fin on arrive à des formes d'autorégulation.