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Réussite…réussites… L’« éducatif » : réussite éducative et réussite scolaire… Vrai levier de transformation sociale ou faux-semblant ?

Dans :  Techniques pédagogiques › 

 

 

 

Réussite…réussites…
L’« éducatif » : réussite éducative et réussite scolaire…
Vrai levier de transformation sociale ou faux-semblant ?
écrit par Marguerite Gomez GD 33 enseignante CE1/CE2 
école élémentaire Montesquieu Pessac 33 en « Zone Urbaine Sensible »
 
… afin de faire l’école sienne, les personnes de l’école ont à s’approprier un espace, un lieu
s’emparer du savoir , donner, recevoir , s’étonner, apprendre
… apprendre … prendre de l’extérieur… et on ne peut apprendre que si l’on donne…
 
Alors, la classe, lieu de cultures individuelles et commune, est-elle suffisante ? Et l’école, serait-elle encore nécessaire ?
la réussite scolaire n’est-elle pas plutôt une réussite sociale ?
 
La prise en considération explicite de l’  « éducatif » ( temps éducatifs, réussite éducative) par l’institution se fait bien tardivement, sous la poussée depuis de nombreuses années des actions sur le terrain des associations, mouvements d’éducation populaire, dont le mouvement Freinet, qui ont pressenti depuis longtemps l’évidence de la continuité éducative.
La pédagogie Freinet s’est appropriée et explore encore ces espaces entre l’extérieur et l’intérieur à l’école ( cahiers de vie, métiers des parents, témoignages, enquêtes, classes-promenades…)
 Ce qui est nouveau et intéressant, c’est que cet éclairage est explicitement repris par l’institution.
 
Si la terminologie de « temps éducatifs »est impropre et porte à de nombreuses confusions et réductions car il sous-tend l’existence juxtaposée des temps éducatifs et des temps scolaires (enseignement/’école et éducation/parents), ces termes ont l’avantage d’être compris communément . Ils mettent en lumière l’importance de ces enjeux hors école qui peuvent permettre et contribuer directement à ce qui est appelé « la réussite à l’école ».
 
Car il m’apparaît que la « réussite scolaire », pour sa plus large part, ne se joue pas à l’école. L’école peut réparer, un peu, beaucoup.
A l’heure actuelle , la réussite à l’école des enfants semble se calquer sur la « réussite » sociale des parents et ainsi reproduire le modèle social. C’est que la société a ses chasses gardées, bien verrouillées, de manière claire et explicite (les évaluations, les programmes et progressions, la hiérarchie autoritaire…) mais surtout de multiples manières implicites et se sont celles-là qui m’interrogent. Aussi l’école telle qu’elle est actuellement me semble en être un verrou. Non pas parce que la structure institutionnelle (ministère, relais des inspections) l’a décidé mais parce que le système scolaire ne peut pas faire mieux structurellement. Ce qui valide par voie de conséquence et à l’évidence le tri social par un premier tri scolaire.
Il est de notre responsabilité d’adulte, d’enseignant/éducateur de débusquer ces multiples manières implicites et peut-être de tenter d’en saisir quelques bribes.
La classe Freinet peut être ce lieu de culture, de construction des savoirs mais à l’évidence ne peut se pas se substituer au milieu de vie de l’enfant . C’est pourquoi le travail de tissage explicite et institutionnel de liens sociaux entre les membres de la cité autour de l’enfant me semble être une des clés de l’épanouissement de l’enfant et par conséquent de son entrée dans les apprentissages et de son appropriation des savoirs.
 
J’aime bien la phrase de Célestin Freinet qui après avoir évoqué le désir d’apprendre dans « les dits de Mathieu » déclare :
« … avec un brin de confiance et un milieu favorable au travail,
l’enfant s’en irait jusqu’au bout du monde. »