Atelier : « De l’enfant-soldat à l’enfant citoyen. Conséquences de la refondation amorcée par FREINET. Résistances et obstacles à sa poursuite. »
Par Claude Beaunis le 26/08/13 - 09:39
« De l’enfant-soldat à l’enfant citoyen.
Conséquences de la refondation amorcée par FREINET.
Résistances et obstacles à sa poursuite. »
Atelier de Bernard Montaclair
Précisions sur l’enfant-soldat. Il ne s’agit pas de l’Afrique, mais de l’enfant-soldat de Jules Ferry, de 1905 à nos jours. Il faut lire jusqu’au bout.
Nous sommes tous des anciens enfants soldats…
Une provocation. J’en confesserai une autre : je professerai que je ne considère pas le changement d’appellation : « professeur des écoles » comme un progrès, sauf la revalorisation du statut.
Professer, c’est autre chose qu’instituer et comment faire de la pédagogie institutionnelle sans instituteurs ?
« Je n’ai pas besoin d’hommes éclairés, mais de fidèles sujets »
(L’empereur d’Autriche à Metternich (1830)
De quels Français les dirigeants du pays ont besoin en 2013 ?
Il faut revisiter les mots (le petit Robert …)
Réserves culturelles, ou fossiles anthropologiques. Exemple de réserve culturelle : les boutons aux manches des soldats (Frédéric de Prusse).
Si nous voulons vraiment « refonder l’école de la République », nous avons à nous interroger sur ses fondations, explorer les strates sur lesquelles elle repose.
Les archéologues et paléontologues reconstituent le puzzle à l’aide de fossiles. Les anthropologues peuvent de la même manière, prendre en considération des traces, persistantes, de comportements, de systèmes qui avaient naguère leur utilité, devenus obsolètes, mais qui persistent néanmoins dans les mentalités et traversent les générations dans l’inconscient collectif..
Nous trouverons bien sûr en premier lieu les comportements d’attaque et défense, de défense et conquêtes de nourriture et de territoires. La sexualité, la possession de la femelle par le mâle dominant (« la horde sauvage ») etc… Freud a souligné ce caractère pulsionnel qui infiltre les comportements les plus rationalisés. Instinct de vie / instinct de mort, amour / haine, morsure / baiser etc…
L’agressivité est indiscutablement, encore, au centre des rapports humains. Il est commode de les qualifier « d’archaïques ». La « modernité » n’a pas changé grand-chose à cet égard. Immatures, néotènes nous sommes. A l’échelle anthropologique, nos institutions sont à cet égard, pour longtemps encore, imparfaites.
En tout cas, si nous ne savons rien à ce sujet ou presque, pour ce qui concerne la préhistoire, les strates historiques nous informent abondamment sur la place prépondérante de la guerre dans nos sociétés. Guerres féodales, guerres de religions, guerres de conquêtes coloniales, territoriales, génocides, la violence institutionnelle de notre époque n’a rien à envier à celles du moyen âge ou des guerres napoléoniennes.
Arrêtons-nous, pour nous en tenir à l’Europe, aux massacres qui se sont multipliés au XIXème et XXème siècle. Guerre de 70, 14-18, 39-45, Indochine, Algérie etc.
C’est dans ce contexte guerrier, que s’est organisée la politique éducative des enfants du XIXème siècle à nos jours.
Ne nous étonnons pas que du temps de Jules Ferry, entre la guerre de 70 (nous n’avons pas à juger ici de sa légitimité pour les prussiens et pour les français) et celle de 1914 (la revanche était-elle évitable ?) les familles françaises et allemandes (les livres illustrés pour les enfants allemands proposent les mêmes thèmes que ceux des petits français) étaient obsédées par la menace de l’ennemi héréditaire. Les jeux des enfants sont empreints, comme la guerre des boutons, la guerre scolaire etc… de ces conflits intériorisés. Les souvenirs, dans les familles, de parents tués, de massacres, et de destructions, bombardements, etc, hantent les conversations.
J’ai cherché un terme, puisqu’on parle d’actes inhumains, qu’est-ce qui caractérise l’humain. Les paléontologues sont encore partagés s’entredéchirent sur la question. J’ai parlé d’humanitude mais on m’a fait remarquer que le terme était protégé par copyright.
Toujours est-il que si on veut re-fonder l’éducation, il faut savoir de quel homme il s’agit, et de quels hommes on a besoin.