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Atelier : Pratiques Freinet au second degré : le conseil

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Atelier animé par Marlène Pineau, Catherine Mazurie, Patricia Quinsac

 

Le conseil en classe de français en seconde
 
C’est la 3e année que je mets en place le conseil dans la classe de seconde. J’ai choisi de le faire avec ce niveau parce qu’il y a 4h30 de français par semaine (moins en 1e, Tle) et pas d’examen en fin d’année. Cela laisse de la latitude pour s’organiser.
 
Pourquoi ?
Pour constituer le groupe coopératif
Pour que le groupe s’empare de l’espace, du temps et du contenu du travail
Pour qu’il y ait des projets
Pour qu’il y ait un espace de régulation possible
 
Comment ?
Il a lieu toutes les 4 semaines, plus s’il y a besoin.
Au début de l’année, je distribue une feuille de bilan du mois écoulé avec une partie bilan personnel, et un coupon à découper en bas pour le conseil. Voir Annexe 1.
Ce bilan est rempli en classe : la première partie m’est remise et la 2e est ramassée pour l’équipe d’animation du conseil.
Cette équipe est constituée d’un-e président-e, d’un-e secrétaire, d’un distributeur de parole, d’un-e responsable du temps. Nous avons assez vite ajouté un-e responsable des gêneurs-ses pour décharger le président-e de la gestion des attitudes gênantes (bavardage avec le voisin, ou prise de parole sans qu’elle ait été donnée etc). L’année prochaine, je vais instituer un observateur du conseil (quelqu’un qui fait un bilan sur le fonctionnement en fin de conseil) pour favoriser la réflexivité sur le fonctionnement du conseil, le fluidifier et permettre que tout le monde s’approprie cet outil plus rapidement.
La première fois, c’est moi qui préside le conseil pour que la classe comprenne comment il se déroule, dès le deuxième conseil, c’est un-e élève. Je demande à ce que tout président-e soit passé par la fonction de secrétaire (pour avoir une idée de ce qui est en cours, de ce que signifie une décision prise et notée). Il y a une fiche « Pour présider un conseil coopératif » qui reprend toutes les étapes du conseil (ouverture, clôture, phrases rituelles et surtout, le plus difficile quelques manières de prendre des décisions). Le futur président la lit avant d’animer. (Voir annexe 4)
On se donne rendez-vous en dehors des cours pour préparer l’ordre du jour à partir des coupons ramassés. Les élèves, pourtant plutôt jaloux de leur temps libre, viennent avec sérieux et enthousiasme car je crois qu’il y a de l’enjeu pour eux. Cette année, c’était une classe assez exceptionnelle, très peu scolaire mais qui s’est emparée dès le début de tous les outils Freinet que j’ai pu introduire et qui a fortement adhéré à la dimension coopérative de l’organisation du travail. Au début, je suis là pour la préparation de l’ordre du jour, puis les élèves se débrouillent seuls. Il s’agit de fixer l’ordre des points à traiter, sans oublier de faire tourner les responsabilités1, les projets en cours, et de donner un temps à chaque point.
Voir en annexe 2 l’ordre du jour du premier conseil le 4 octobre 2012.
Dès le début, des problèmes concernant le travail ont été posés : comment obtenir l’écoute et la bienveillance quand on présente un travail à l’oral (les TI, travaux individualisés) ? comment adapter la lecture obligatoire des livres aux différents rythmes de lecture et aux intérêts de chacun-e ? Mais aussi des propositions : c’est dès ce premier conseil qu’est née l’idée d’un voyage de classe qui a eu finalement lieu à Barcelone au mois de mai.
 
Par la suite, j’ai modifié le document pour préparer l’ordre du jour et mis dans le classeur de la classe2 une feuille à remplir avec des demandes ou points à discuter pour le conseil, comme me le conseillaient les collègues du Groupe départemental Freinet. En effet, le système de coupons à remplir était utile pour que chacun-e puisse réfléchir mais finalement tous les points à l’ordre du jour n’étaient pas traités (les miens notamment !) et personne n’avait la vision globale de ce qui était dit, proposé, critiqué par les autres. Mais ce nouveau document n’est pas rempli spontanément (les élèves ne sont pas toujours dans la même salle): il faut que je fasse circuler la feuille dans la classe pendant la semaine précédant le conseil.
Voir en annexe 3 un exemple de feuille de conseil.
 
Le jour du conseil, qui dure une heure, les chaises sont mises en rond dans la salle, sans toucher aux tables pour aller plus vite. Le/la président-e ouvre le conseil et a la difficile tâche d’aider la classe à prendre des décisions et de boucler l’ordre du jour, aidé par le reste de l’équipe d’animation.
 
La part du maître :
J’aide à formuler les synthèses.
Je protège l’espace rituel.
J’aide à la légitimité des rôles (notamment celle du président).
Je rappelle le cadre scolaire (le conseil n’a pas de prise sur un autre espace que la classe de français).
Je veille à l’application des décisions.
 
Les risques :
Laisser un-e président-e s’empêtrer et mal gérer le conseil : cela met l’élève en difficulté. Pour cela, soit un-e président-e précédent va l’aider, soit je me mets près de lui pour l’accompagner et lui indiquer des formulations possibles (notamment des façons de prendre des décisions).
Un autre écueil : laisser l’énoncé des problèmes sans aboutir à une solution pensée et organisée qui pourra être assumée par la classe.
Le conseil peut courir le risque d’être une coquille vide c’est-à-dire un lieu dont les élèves ne s’emparent pas, ou un lieu qui n’a pas de pouvoir. Je m’applique à ce que la moindre proposition issue d’élèves ait une suite pour montrer que le conseil a une véritable efficience. Autre garde-fou : j’essaie de clarifier ce sur quoi j’ai un veto et quelles décisions sont déjà prises pour ne pas faire croire au conseil qu’il peut agir dessus. La fausse démocratie entraîne très vite une désaffection des élèves qui ne sont pas dupes.
 
Le conseil permet à l’enseignant-e et aux élèves de s’en remettre à la sagesse du groupe pour prendre en charge les difficultés et les idées de chacun-e, de leur donner des solutions collectives, de trouver une organisation qui puisse évoluer en s’adaptant aux mieux aux besoins de ses membres, élèves comme enseignant, sans confusion des rôles. C’est très apaisant et inventif et favorise la prise en compte de chacun-e. J’ai pu voir évoluer ainsi certains élèves : en début d’année capables seulement de remarques dans leur barbe ou à leurs voisins (et alors sanctionné comme gêneurs), ils ont peu à peu pris confiance dans le groupe et ont pu formuler désaccords, demandes et propositions.
 
Patricia Quinsac, enseignante de français au lycée Rive Gauche, Toulouse
 
1 Les responsabilités dans mes classes cette année sont : la tenue du classeur commun, le ramassage et la distribution des travaux et documents, l’appel, la gestion du temps. Puis nous avons rajouté l’affichage dans la classe.
 
2 Pour chaque classe, il y a un classeur tenu à jour par un-e responsable qui rassemble tous les documents nécessaires au travail (documents collectifs ou individuels). Quand c’est possible, il reste dans la salle (si nous avons cours dans la même salle)
 

 

Fichier attachéTaille
Annexe 1- Bilan période15.5 Ko
Annexe 2-Fiche pour présider un conseil cooperatif44 Ko
Annexe 3-Ordre du jour conseil du 5 octobre 2012.jpg333.13 Ko
Annexe 4-feuille classeur conseil.jpg280.17 Ko