Raccourci vers le contenu principal de la page

Conférence de Fabrice Zanello, pédopsychiatre (notes d'un auditeur)

Dans :  Formation et recherche › connaissance de l'enfant › 

 

 

Mercredi 21 août 2013
 
Conférence de Fabrice Zanello Pédopsychiatre en CMPP et au centre de guidance de Caen.
Regards croisés avec Martine Legay et Michel Xufré, enseignants à l'école Freinet d'Hérouville St Clair.
 
Fabrice Zanello- Cette conférence va tenter de répondre à l'invariant n° 1 : l'enfant est de même nature que nous.
 
Compréhension de la continuité de l'enfant : de l'enfant du dedans, depuis le fœtus, jusqu'à l'enfant du dehors, c'est à dire nous, adultes.
 
Qu'est ce qui est important dans le regard que nous portons sur l'enfant ?
L'enfant doit pouvoir passer de la stase à l'extase. Il doit passer par une phase de dépression pour pouvoir s'exprimer. La dépression est préalable à l'inspiration. La psychanalyse avec Mélanie Klein, a beaucoup développé cela.
Il faut intégrer l'ambivalence pour pouvoir accéder à la complexité. Il faut renoncer à la maîtrise.
(Exemple : amour/haine) Pour accéder à la connaissance, il faut renoncer à la possession du savoir.
Il faut être bipolaire, mais il faut réussir sa bi-polarité.
Dans une classe, l'enfant doit être espiègle, content, ronchon etc...
 
Martine Legay : Parle d'un enfant de sa classe, Gabriel, lecteur lorsqu'il arrive dans sa classe au CP. Niveau équivalent au CM1, parents préoccupés, c'est un enfant « trésor ». Il est assez agité, a du mal à respecter les règles, passe la plupart de son temps sous sa table, ou dans la BCD quand Martine l'y autorise, ne travaille pas. Les moments collectifs font sortir Gabriel de sa cachette . Pour lire ses textes, il doit d'abord les écrire, pour prendre la parole, il doit d'abord s'inscrire 
Aujourd'hui, Gabriel est en CE2 il est debout face aux autres, mais aussi face à lui.
 
FZ : il faut pouvoir se séparer sans se perdre. Il n'y a d'école que quand elle fonctionne, que quand les portes sont ouvertes. Que disent les parents : « il est perdu, on l'oublie ».
La peur des parents est la même que celle des enfants. Les fantômes de la nuit surgissent dans notre réalité de tous les jours (phobies...) quand on ne s'y attend pas.
Winnicott a redonné à l'enfant sa réalité : exubérance, création, l'enfant tout seul n'existe pas, il faut également ceux qui vont le porter, un autre qui va venir tricoter sa pensée, sa réalité. Importance du lien avec l'autre. Il n'y a de vie que dans le collectif.
Le doudou, ce n'est pas tout à fait maman, pas tout à fait l'enfant, mais ça fait partie de la culture. Il est dans le champ transitionnel, il origine l'enfant dans ses toutes premières relations.
Françoise Dolto a écrit sur l'image inconsciente du corps (schéma corporel). Elle a théorisé l'image du corps comme un corps relationnel.
l'enfant fabrique son intelligence lorsque sa pensée est portée par l'autre, lorsque son environnement va lui permettre d'édifier sa pensée.
 
Michel Xufré :La classe Freinet offre à l'enfant des espaces d'expression libre : textes, quoi de neuf...
Boris, non francophone est inscrit dans sa classe par son beau père français. Boris est un bon élève, il apprend rapidement le français. C'est un enfant « ordinaire » pour l'école. Son premier texte parle de la ville où il a vécu, en quelques lignes.
Son dernier texte de l'année est un texte long où il transpose son histoire sous forme imaginaire.
 
Il n'y a pas d'enfant ordinaires, il n'y a que des enfants singuliers. L'organisation coopérative de la classe permet des moments d'écoute mais aussi des moments de mise à distance.
 
FZ: Question de l'ancrage corporel de la pensée :
Pensée d'avant le langage. Paradoxe : le langage introduit un risque de dislocation. La perception et la sensorialité sont indistinctes. Le langage va venir défaire cette unicité.
L'arrivée du bébé, il y a une niche sensorielle, une empathie qui fait poser des mots au plus juste de ce que l'enfant ressent. Le langage est la fin de cette époque là. C'est donc le péril de perdre une qualité de tissage de la relation au bébé.
Ce tricotage est interprété par le parent et cette interprétation va prendre in avec la mise en place du langage.
La langue a ses contraintes, ses règles. Il y a ce mécanisme verbal qui peut finir par penser à notre place. La langue nous fait parler malgré nous : non dits, sous entendus, lecture du refoulement et de la névrose.
Aprendre à parler n'est pas si simple.
Passage à l'entrée de l'école : une rencontre ne va pas pouvoir se faire pour certaines familles, mise en crise que comporte l'entrée en apprentissage, difficulté à l'intérieur d'une même langue selon la culture familiale.
 
L'enfant hyperactif:celui qu'on redoute de voir arriver dans nos classes, provocateurs, sans attention, maladroits, agités. Ces enfants sont dans une recherche de continuité. Ils cherchent à être retenus, contenus, agrippés à quelque chose qui les retient.
Souvent dans leur constellation familiale, il n'y a pas de père. Il faut rester vivant en face d'eux.
Il faut miser sur sa propre capacité à les recevoir. Il faut les prendre tout entier, avec le bon et le mauvais. Il faut inventer des dispositifs qui intègrent cette ambivalence enfant docile/enfant transgresseur, qui permettent à l'adulte de supporter son attitude.
Cas d'une adoption tardive, d'un enfant sans problèmes, de langue slave, bien accueilli dans l'adoption, qui a eu des apprentissages rapides et corrects, sauf qu'il n'écrivait pas. Écrire venait pour lui remettre en scène l'absence d'une mère pendant toutes les années d'orphelinat. Absence de ce tricotage, de vécus non perçus qui n'ont pas été refoulés et qui sont là face à l'absence et à la solitude vécues dans la petite enfance.
 
La peur d'apprendre, la phobie scolaire : il y a la question de l'autorité : pourquoi je dois aller à l'école, pourquoi je devrais t'obéir en y allant, qui a dit le premier que l'école est obligatoire ? Cela pose la question des origines. Il nous faut être autoritaire car on soutient la question sur les origines.
Mais il ne s'agit pas d'être autoritaire bêtement.
 
Norme sociale/norme biologique : un enfant a besoin de manger, de dormir, de câlins, d'être porté...Tout ceci doit être porté par une organisation, des horaires, c'est la question de la continuité ou de la discontinuité. Le changement de norme introduit une discontinuité. L'important pour l'enfant est d'être dans un lieu qui lui permette de construire sa propre continuité. L'école doit être capable d'offrir à l'enfant la possibilité d'un fil rouge où l'enfant va venir se réinscrire. La grande force de l'école, c'est son collectif. C'est fondamental de ne pas réduire la place de l'école dans la vie de l'enfant.
 
MX : la coopération est au cœur de notre pédagogie. A quelles pratiques de groupe cette affirmation nous renvoie t'elle ?
Importance des présentations d'élèves. Un grand va faire lire un plus jeune. Créations libres à plusieurs ou chacun met sa personnalité et ce qu'il est.
Les retours au groupe laissent la possibilité d'aller ou non jusqu'au bout d'un projet.
 
FZ : le langage : les mots sont des fenêtres qui s'ouvrent à la fois sur l'extérieur, mais aussi sur l'intérieur.
Les maîtres d’œuvre du langage, ce sont les parents, les maîtres, mais le propriétaire, c'est l'enfant lui-même.