A l'occasion de la Semaine des Arts

Avant les vacances de Noël, l’école organise depuis quatre ans « une semaine des arts ».

L’objectif principal est de donner à l’enfant du temps pour finaliser une création en lui permettant d’aller plus loin dans l’expérimentation, de revenir sur un travail en cours pour le modifier, l’améliorer, le faire évoluer et parvenir ainsi à une production plus aboutie ou même différente de la production première.
Le contenu de la semaine des arts est décidé en partie lors des conseils dans les différentes classes de l’école. Les ateliers sont animés par les enseignants, des parents, des animateurs bénévoles ou rémunérés et des artistes. Cette année, pour la première fois, des élèves de cycle 3 peuvent également proposer des ateliers. Tous les participants sont associés à la préparation de la semaine et les objectifs de travail sont redéfinis à chaque rencontre.
C’est le responsable de l’atelier qui définit le nombre d’enfants qui peuvent participer, le budget nécessaire, les conditions de fonctionnement. Chaque atelier se déroule sur une demi-journée, certains sont proposés tous les jours.
Chaque lieu met l’accent sur une technique particulière (monotype, collage…), un matériau (pâte à sel, tissu…), un thème (costumes, portait…), …
Un atelier « projet personnel » permet aux enfants qui ont une intention particulière de la réaliser. Il est très fréquenté par les enfants du cycle trois. Il nécessite une grande disponibilité et une grande vigilance des adultes qui en ont la charge. Cet atelier a beaucoup de succès.
L’atelier « journal » est un peu particulier : pendant la semaine des arts, le journal de l’école, « guep’art », est quotidien. Il rend compte des travaux et animations.
Pour une gestion plus efficace, la présentation des différents ateliers et les inscriptions ont lieu dans les jours qui précèdent sur des feuilles de format A3 affichées dans différents lieux de l’école. Chaque enfant dispose d’une feuille de route sur laquelle il note son planning de la semaine.
Les lourdeurs d’une telle organisation pour l’équipe enseignante diminuent grâce à la méthode de travail acquise depuis quatre ans. Consacrer une semaine entière à un grand domaine permet une plus grande disponibilité, plus de réflexion, des échanges plus riches, une analyse plus fine au sein de l’équipe éducative.

Germain a déjà proposé ce travail à sa classe dans le cadre d’un « marché de connaissances » où tous les enfants de la classe sont sur un pied d’égalité et proposent tous une co-formation. Il a mené un atelier avec cinq élèves et a été validé comme animateur par la classe, il peut donc proposer cet atelier pour la semaine des arts.

Germain a préparé tout le matériel dont il avait dressé la liste. Il présente un cochon fini et en explique la fabrication. Il a pris soin de protéger les tables et précise que la colle doit être préparée en premier et bien dosée. C’est en responsable autonome que Germain gère son atelier.
Les enfants prennent leur matériel et le travail commence, Germain fabrique lui aussi un cochon. Le silence s’installe. Pendant la première demi-heure, les enfants travaillent debout, se déplacent librement pour se servir du matériel, aller au lavabo, aider. Il a ici un statut de pair et d’expert ; deux critères essentiels de la coopération.

Puis Germain laisse son travail pour conseiller chacun à voix basse. Peu à peu, les plus grands aident les plus petits qui manipulent difficilement, ils abandonnent provisoirement leur propre travail et prennent conscience qu’ils ont tout leur temps pour aider les autres, pour finir et même le temps de séchage avant de peindre. Ne pas devoir différer ce moment de peinture est très important pour eux, c’est la conscience du travail bien fait, achevé, qui rassure.
Germain devient accompagnateur et par l’exemple déclenche la mise en œuvre de l’entraide ; une habitude de comportement dans cette école.
Au moment de peindre, certains contestent le choix de Germain qui propose des pinceaux trop fins. Il admet son erreur et trouve des brosses larges. La pratique de l’esprit critique, la capacité d’écoute, de remise en cause, de modification, de tâtonnement permettent d’atteindre l’efficience dans la production.

Les participants sont invités à confronter leurs travaux, leurs techniques. A la fin de l’atelier, les enfants rangent le matériel puis Germain anime un court bilan : « Quelqu’un a-t-il quelque chose à dire ? Qui a appris quelque chose ? » Tous les enfants sont très contents de l’atelier et du résultat de leur travail, ils félicitent l’animateur pour sa patience et ses explications. Ils se félicitent car il n’y a pas eu de dispute durant la matinée.