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Atelier du Jeudi 25.08.2011
avec Nicolas Go et Françoise Dor

Françoise Dor, enseigne en maternelle en Belgique (4-6 ans). Elle pratique régulièrement de ateliers de « conversation » philosophique.
Elle partage des moments vécus dans sa classe et retranscrits dans ses notes.

- Nombre de participants : + 50
- nombreux enseignants maternelle et élémentaire

Le démarrage des moments de philo se fait souvent de manière inattendue.
Cette année, à partir d'un livre de la bibliothèque : P. Fort Le bonheur (est dans le pré... etc...)
Un enfant a demandé « C'est quoi le bonheur ? »

La discussion commence tout de suite (15 min)
FD prend des notes, conversation reprise semaine suivante, après relecture à tous de l'histoire et des notes de Françoise. Elle peut être reprise plusieurs fois, il faut prendre son temps.

Rentre souvent dans un projet théâtral, ou une expo.

Extraits :
…..
C'est être content, (Maëlie)
C'est un peu comme la vie,
Ça nous aide à vivre et à mourir (Yanis)
C'est quand il y a le soleil (Kilian)
Le bonheur habite dans certaines maisons...
Quand on nous attaque c'est pas du bonheur

N. GO : Ce n'est pas parce qu'on parle d'une notion telle que le bonheur que c'est de la philosophie... ?
Trop petits pour faire des maths, des sciences.... à 5 ans ?
Maëlie donne une définition positive « C'est.... » Un autre essaie une définition négative. Yanis fait une analyse. Kilian fait référence a la nature, On explore son expérience, les lieux où cela se passe, les actions, les relations en jeu.
N'est-ce pas une attitude philosophique ?

F. DOR : Parfois les enfants disent des choses très personnelles (violences familiales...), la priorité est alors dans l'écoute, et non plus dans le sujet philosophique.
La parole circule de façon informelle. Les enfants sont invités à lever la main pour se signaler. FD n'oblige pas le tour de parole, mais sollicite quelquefois « Et toi, as-tu quelque chose à dire ? »

N. GO : Méthode naturelle = le plus simplement possible. Minimum de règles, minimum de technique (cf bâton de parole), maximum de vie.
Un vrai moment de philosophie est quand on ne répète pas ce qu'on entend dire, mais qu'il y a référence à sa propre expérience.
Il compare certaines remarques ou définitions des enfants à des haïkus japonais, qui révèlent dans une petite touche.

Parfois l'entrée fracassante de la philosophie dans la vie de la classe, met l'enseignant dans une posture dont il ne sait pas trop quoi faire.
Alors, qu'est-ce qu'on fait ? On fait comme eux... On se met dans leurs pas.

F. DOR : Quand l'enfant dit quelque chose de très très fort, elle reprend la parole de l'enfant et la reformule, tout en faisant sentir qu'il a été entendu.

Une participante fait remarquer que la parole de Françoise a été très juste : factuelle, tout en redisant l'émotion, mais dans le respect. Pas de pathos.

Un autre dit l'importance de la dimension collective. La conversation s'enrichit par le groupe.

Françoise ne donne pas son avis dans le sujet de la discussion.

Après la discussion Françoise complète par un travail artistique. Un seul sujet est porté dans un moment.

Quel bénéfice a été perceptible ?
F.Dor pense que ces conversations aident à grandir, développent l'écoute et l'attention, font prendre conscience de soi et des autres, améliorent leurs capacités d'expression.

N. Go estime que nous n'avons pas à trouver de justifications pédagogiques, mais que si les enfants se questionnent, on les suit. Cela répond à un besoin de leur part.
La préparation est impossible car la pensée des enfants est fluctuante, imprévisible.
Ici ce n'est pas la contrainte du langage qui créé la liberté de pensée, c'est la contrainte de pensée qui créé du langage.
Lorsqu'un enfant est empêché de penser à cause d'une croyance (Si on fait des bêtises, on va dans un bain de feu), la réaction intuitive de Françoise est d'intervenir, pour le délivrer de cette représentation.

On ne va pas attendre d'être philosophe pour faire de la philosophie en classe, mais on va en faire avec les enfants, pour le devenir.

L'atelier continue dans un deuxième temps avec le visionnement d'un moment de philo conduit par Nicolas avec une classe de cycle 3. (CE2-CM1-CM2)

De nombreuses interventions des élèves commencent par « Maître ». De fait, le maître intervient beaucoup, reformule presque systématiquement, pose souvent des questions.
Les reformulations redisent en généralités des expériences et des anecdotes que les enfants racontent. « Tu penses qu'on ne peut pas être heureux et riche en même temps... si on est seul on ne peut pas être heureux... »
Nicolas précise qu'il ne donne jamais un avis personnel, mais reformule, fait rebondir la conversation.
Il vise la construction progressive de jalons conceptuels qui naîtront de l'intelligence collective.
Sortir de l'exemple qui sert d'argument, arriver à construire une problématique.
La vérité ne se réduit pas à l'expérience. Le regard philosophique est de transformer une expérience en interrogation, dont les réponses peuvent encore être interrogées. Il s'agit de découvrir le caractère complexe de la pensée.
Il faut amener les enfants à explorer un cheminement.

Des vérités peuvent être énoncées que l'enfant croit universelles, alors qu'elles sont répandues dans son propre univers, mais peuvent être contredites par un autre enfant au vécu différent.

N. GO n'utilise jamais le mot débat car on n'est pas dans un affrontement entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Il préfère plutôt dialogue, qui n'est pas une conversation à deux, mais une médiation vers sa pensée.

Ce qui est particulier à la méthode naturelle de philosophie, est que le dialogue philosophique se manifeste directement dans la vie de la classe.

Les interventions nombreuses du maître visent l'exigence de pensée, et sont destinées à terme à se raréfier.
Les techniques existent, mais sont minimales.
Quelles sont-elles ?
distribuer la parole
répéter ce que l'enfant a dit = renforcer le sentiment qu'il a bien fait de dire,
les appuyer
réguler la parole : chut !
synthétiser, principalement dans les changement de phases
reformuler
questionner : pour faire préciser, faire approfondir, argumenter, distinguer d'une autre notion.

Dialogue en maternelle sur l'amitié
Retour de la récréation : Pff c'est difficile de se faire des amis !
Discussion s'en suit. Enregistrement. Etude. Comparaison avec textes philosophiques
Oh surprise : un texte d'Aristote dit à peu près la même chose !!!

Compte-rendu : Michèle Comte