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Février 2000

 


CréAtions 90 - Identité - Altérité - publié en janvier-février 2000

IUT Carrières sociales, Bordeaux III, filière ACM (Arts, culture, Médiation) – Enseignante : Simone Cixous

 

De personne à personnes

Personne/persona : le masque, le rôle.
Le masque cache et montre à la fois
dans les échappées de la voix et des signes.
Comment travailler ensemble à construire,
à partir d’échanges et de questions, questions à soi,
questions aux domaines de la connaissance,
les formes de la singularité dans la diversité de chacun,
comment être là « en personne » ?

La salle très anonyme et neutre (comme toutes les autres salles de cet IUT « Carrières sociales ») de la filière ACM (Arts, Culture et Médiation) est encombrée aujourd’hui, dernière séance de l’année, d’objets hétéroclites difficilement identifiable au premier coup d’œil : production d’une année entière rassemblées ici, issues de nos échanges en « littérature et expression ».
L’enjeu, discuté, souvent remis en question en cours de route, avec des percées d’enthousiasme et des reculs stratégiques, était pour chaque étudiant de tisser quelque chose de son rapport personnel à la culture et de le donner à voir.

Miranda : petite valise de cuir usée.
S’en échappent des odeurs de voyage
dans son Italie natale, dans les branches
multiples de sa généalogie, dans
quelques papiers parchemins où
se mêlent ses deux langues en poésie.
Vêtements sagement pliés cachant
des lettres palimpsestes.

  

Des formes, des constructions diverses sont possibles : textes/images/productions plastiques/musique. Le texte est toujours sollicité, il n’est pas premier mais présent ; l’enseignante d’expression que je suis ne le favorise pas, mais tient à ce qu’il entre en jeu avec d’autres formes d’expression visuelles ou sonores auxquelles il est le plus souvent associé dans les productions contemporaines. Cette proposition peut ouvrir la voie à un rapport moins scolaire à l’écriture et à une interrogation sur les modes d’expression de soi et sur le rapport aux autres. Comment de futurs médiateurs culturels pourraient-ils valoriser, mettre en rapport des œuvres et un public, si quelque chose de leurs propres déterminismes, implications culturelles, n’a pas été interrogé ?

Travail de mémoire, d’encrages, de pistes empruntées, travail d’émergence des bribes, des fragments, qui conduit chacun à produire cet « objet personnel » ; boîte, livre-objet, vidéo, affiche, collage où les jeux du montré-caché (son identité, sa singularité) des productions disent la difficulté d’être présent dans ce travail-là, dans cette institution-là.

« Comment allez-vous noter ça madame ? Et ça sert à quoi ? »

Et puis la surprise, les questions, les paroles échangées qui viennent dans le groupe parce que quelque chose d’une connaissance de l’autre a lieur, furtive ou explicite. Ces boîtes à secret, ces livres scellés, ces photos-mystère ont le plus souvent le pouvoir, dans l’échange, de toucher au plus juste ceux qui ont, « à leurs corps défendant », entrepris l’aventure d’aller jusqu’à une production à « donner « aux autres.


 

Marine : la boîte à rangements
et son innocent carton. L’ouvrir, c’est exposer :
poupée magique transpercée d’épingles ;
chacune pique un morceau de papier refermant
un « mot-souffrance ». Exorcisme
?

 

Catherine et le livre bleu : collages qui montrent leurs sutures, de textes et d’images souvenirs, ou de rêveries caressées : parodies de paradis publicitaires ; Fragments d’échanges saisis au vol dans les couloirs, clins d’œil. Un livre à lire dans tous les sens.


Mounir : traces, textes et lignes de pistes d’une double identité à vivre : algérienne et française.

    sommaire n° 90 Identité, Altérité  

 

 



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