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Des jardins ouvriers aux jardins d’écoliers

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Octobre 2004

 

 

 

CréAtions 113 - Patrimoine et création - publié en septembre-octobre 2004

Classe de CM1-CM2 – Ecole de la Cotonne, Saint-Etienne (Loire) – Enseignante : Agnès Bastin

Des jardins ouvriers aux jardins d’écoliers

 

Un environnement quotidien méconnu, une source de créativité inattendue

 

Tout un secteur de jardins ouvriers se situe près de l’école, ce sont les jardins du père Volpette. Nous allons les voir de plus près.
Les jardiniers nous accueillent.
Nous les interrogeons sur l’histoire de ce lieu : prise de notes, croquis, film, photos, tout est bon pour capter le maximum d’informations sur ces lieux vieux d’un siècle. Des recherches documentaires apportent des informations complémentaires.

 

En même temps, nous nous documentons sur des créations d’artistes à partir de sites naturels. Nous découvrons un mouvement artistique conçu à partir de la nature elle-même : le Land Art. Des artistes comme Richard Long et Carl André se servent de la nature et l’utilisent comme objet de leurs créations : nous découvrons leurs techniques.
Nous aussi, nous allons créer nos propres œuvres, à partir des jardins ouvriers découverts. Chacun de nous conçoit son projet personnel aux formats envisagés, à la technique choisie, avec une liste de matériaux à prévoir, un titre pour l’œuvre, et l’organisation matérielle du travail selon nos choix respectifs. Le rapport aux objets change : reproductions, détournements, maquettes, agrandissements, transpositions, inversions, accumulations… Les techniques sont nombreuses : croquis, dessins, sculptures, architectures, installations… et même plantations artistiquement organisées. La liste est longue !

 

Le jardin abstrait de Nadir

« Après le diaporama sur le Land Art, j’ai choisi des idées d’artistes et je les ai reproduites en miniatures. Assemblées, elles représentent un jardin abstrait.
Mes références : pour la spirale, R. Smithson ; pour le fragment miroir, Richard Fleichner, ; pour le disque, J. Clareboudt ; pour les huttes, Mario Merz ; pour les colonnes, Ian Hamilton Finlay. »

 

 

 

 Le jardin des empreintes d’Alexandra

« Après les sorties d’observation dans les jardins où j’avais vu de belles empreintes, j’ai eu envie d’en faire le thème de mon projet. »    

Le jardin miniature de Ghalia

« J’ai beaucoup aimé les visites des jardins. Je voulais tout mettre dans mon projet, alors j’ai décidé de faire un jardin miniature. »


 

    

 Le cabanon des champs de Blandine

«J’ai utilisé la cabane de jardin comme support-jardin. C’est-à-dire qu’elle devient elle-même le jardin.»  

Ha ! Si Volpette voyait ça !

Au XVIIe siècle, un religieux, le futur saint Vincent de Paul, tente de réagir contre la misère qui sévit en France. Il propose de généraliser une coutume bretonne, « le clos du pauvre », qui consistait à mettre à disposition des chefs de famille nécessiteux un lopin de terre, des outils et des graines.
Au XIXe siècle, l’exode des paysans devenus ouvriers de la révolution industrielle fait renaître le besoin de prêt de terre.
Le père jésuite Félix Volpette organise pour les chômeurs de Saint-Etienne des soupes populaires, puis en vient à leur attribuer un terrain qu’il louait personnellement à un fermier. Il réussit à enserrer Saint-Etienne, la ville noire, dans une ceinture de jardins.
Tout au long du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, les industriels pensent qu’en offrant à leurs ouvriers la possibilité de cultiver un bout de jardin pour nourrir leur famille, ils les retiennent à la maison, après le travail, et leur productivité s’en trouve augmentée. C’est ce qu’on appelle le paternalisme.
De 1945 jusqu’au début des années 70, pour différentes raisons (plein emploi, protection sociale, urbanisation accélérée, enrichissement relatif de la classe ouvrière…), on constate la disparition de plus de 90% des jardins ouvriers.
A partir de 1970, la situation économique se dégrade. Le chômage augmente inexorablement, des millions de personnes sont en « situation précaire », et en « situation de fragilité économique et sociale ». Le processus qui avait amené la disparition progressive des jardins ouvriers s’inverse : la crise économique, la remise en cause d’un certain modèle de développement, le succès croissant des thèses écologistes produisent un renversement des priorités. Depuis 1990, le mouvement ne fait que s’amplifier. La production potagère pallie le vide du porte-monnaie en fin de mois. Les jardins ouvriers, et familiaux redeviennent d’actualité.
(Quelques éléments historiques extraits de la BT 1117 p. 7, 9, 13, Ed. PEMF)

 

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jardin, moulage, bandes plâtrées, peinture, assemblage, installations