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Contribution du groupe 42

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Juin 2000

Contribution d’un Groupe Départemental au congrès : le GD 42 (Loire)Créer pour apprendre
- Enjeux d'une démarche -
Faire le bon choix face à l'appropriation des apprentissages, et à fortiori face à l'échec scolaire nécessite souvent un engagement de la part des enseignants. Poussés à l'innovation par l'inefficacité des dispositifs habituels, ils ont besoin de courage pour bouleverser les traditions ancrées afin de réussir à leur tour leur projet pédagogique. L'école "populaire", dans le sens d'équitable, n'aurait-elle pas besoin d'un nouveau projet pour lutter contre la reproduction du schéma social existant ? Il s'agit de sortir des sentiers battus pour mener tous les apprentissages, habituellement "scolaires", à partir de projets concrets, authentiques.
 
Explorer un dispositif qui déplace le lieu du savoir.
En ce sens, l'art, mais aussi les créations manuelles et techniques, historiques, ou autres, peuvent être prétextes à de véritables projets coopératifs d'apprentissages.
 
Dans les réalisations présentées ici, les enfants ont compris ce qu'étaient la vie des hommes au travail, charpentiers de marine, mineurs, mariniers, comme la vie d'un fleuve ou le sens de l'histoire… Grâce à leur participation, leur implication directe, ils ont su exprimer dans leurs créations comment ils percevaient ce monde.
 
Le projet vivant est porteur d'une dynamique. Il permet à chacun de comprendre les enjeux des appren-tissages nécessités par la rencontre de son incapacité face aux problèmes survenus au cours de l'action.
 
La relation pédagogique prend ici une dimension particulière parce qu'elle est une nouvelle relation au monde, inhabituelle dans le cadre scolaire. Nous ne sommes plus dans un contexte d'illustration d'un programme. La nécessité d'apprendre prend du sens naturellement. Directement liés à l'œuvre, les savoirs deviennent experts.
 
La production, la création, placées comme médiation pédagogique n'apporteraient-elles pas une plus grande garantie dans le rapport au savoir ? Les Compagnons du Tour de France, en réalisant leur chef d'œuvre font la preuve de leurs compétences et de leurs savoirs.
 
En guise de conclusion.
Dans tous ces projets, chaque enfant a appris à son rythme, en fonction de son vécu, et de ses désirs.
Il a établi une relation vivante au monde dans lequel il vit et qu'il a découvert en le questionnant à sa façon, une relation aux autres sans lesquels il n'aurait pu mener à bien le projet dans lequel il était engagé.
Faire le choix d’une pédagogie non élitiste, populaire, où chacun à sa place, nécessite la globalisation des apprentissages dans de telles démar-ches où président l’expression, la participation et la coopération.
Nicole Bizieau
 

 

TROIS TEMOIGNAGES
1. Sur les traces des mariniers de la Loire
Classe de Christian Bizieau,CE2 Ecole du Mayollet à Roanne.
La découverte de deux tableaux au musée des Beaux Arts de Roanne conduit toute la classe à la recherche de la vie au XIXème siècle à travers une création plastique.
Cette création a mobilisé les enfants sur le patrimoine local, leur patrimoine. Celui-ci, s'il n'est pas utilisé comme refuge dans le passé, devient alors source de connaissance. Ici, une légende de tradition populaire a refait surface grâce au travail des enfants, qui l'ont fait renaître. Une recherche littéraire, des échanges, la découverte d'artistes et de leurs œuvres, l'expérimentation, des maîtrises techniques et la capacité créatrice ont permis aux enfants de se réaliser à travers leur production.
 
2.    Construire de vrais bateaux.
Un chantier de construction navale dans la classe unique de Roland Huguet au Crozet.
Tout a commencé dans le fond de notre classe. Déjà la semaine qui avait précédé, on sentait que quelque chose se préparait…Et, quelques jours plus tard, voilà ce qu'on pouvait voir dans le fond de la classe : le squelette d'un bateau.
Une pédagogie de projet comme celle-ci ne peut être porteuse que de la motivation naturelle des enfants dans l'appropriation de leurs savoirs.
Quant au savoir être, l'expérience humaine ainsi vécue en équipe, installe des valeurs sûres pour une vie de citoyen digne de ce nom : éducation du travail, respect de ses semblables, avidité d'apprendre, donner du sens à sa vie, et la pratique de l'entraide. L'expérience vécue laisse des traces pour une future vie d'hommes et de femmes responsables.
3         L'Histoire chez les petits.
Classe d'André Lafont à Estivareilles (des 2 ans aux CP)
Regards sur le domaine de l'histoire : remise en cause des repères culturellement acquis, transmission orale, légende ou histoire, quelle valeur accorder ? Comment faire ?
Créer une frise historique.
On roule ou déroule. On colle des images ou photos, avec textes au niveau d'un repère. Le haut est gradué pour représenter le temps (1 cm pour 1 an). C'est un outil facilitant qui matérialise la vie et le temps qui passe.
Utiliser le vécu pour se poser les questions en situations authentiques.
Par exemple, dans le cas d'une panne de courant. Se poser la simple question : "hier, qu'est-ce qui ne marchait pas à la maison " permet d'échanger, de comprendre et de fixer des repères dans le temps, de constater les écarts à prendre en compte en fonction des lieux et des sociétés.