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Cache-cache micro

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Octobre 2000

 

Radio à l’école, une pédagogie de l’oral active

Cache-Cache Micro

Il y a quatorze ans naissait le projet « CACHE-CACHE MICRO ». Comme son nom l’indique, (ou pas d’ailleurs !), il s’agit d’une émission de radio préparée, conçue et réalisée par et pour les enfants.  Une présentation de Martin Wenz*.

 

·                Martin Wenz, membre du groupe Freinet 54 (Meurthe et Moselle), enseigne en classe unique dans un réseau d’écoles du Toulois : Charmes la Côte, Francheville, Moutrot et Villey le Sec.

 

 

Une plage horaire

réservée aux écoles

sur une radio associative  

Tous les jours, Radio Déclic, une radio associative sans publicité (et pas une radio scolaire..) prête ses ondes aux écoles. Tous les jours, à 13 heures 35, on peut brancher Radio-Déclic et entendre une classe raconter une histoire, parler d’un livre, relater une visite, présenter un débat, étudier un sujet... (encart pages II et III)

 

Le principe de l’interaction

Chaque vendredi, un débat est ouvert à tous ceux qui écoutent, en général à propos de l’émission du lundi. Les enfants téléphonent directement à la radio et donnent leur point de vue en direct. Enfin, un jeu, le Cherche-Cherche-Mieux, est proposé juste avant les émissions, il s’agit pour une classe de poser des questions aux auditeurs(tout est permis, du plus sérieux au plus farfelu). Ces derniers ont toute la semaine pour répondre par téléphone, fax, internet ou courrier. Les réponses sont données sur les ondes la semaine suivante.

 

L’oral, priorité de l’école primaire, ce n’est pas nouveau pour ces écoles !

   Mettre en situation fonctionnelle d’apprentissage et de communication, rendre les enfants producteurs et critiques nous ont déterminé pour cette aventure radiophonique.

Certes, il y a bien d’autres moments et occasions pour développer l’oral dans la classe... mais, je ne pourrais qu’insister sur ce qui me semble spécifique à cette activité.

 Imaginez que les enfants qui produisent ces émissions en écoutent aussi et sont étonnamment capables de formuler des critères de « réussite » d’une émission. Chaque écoute doit correspondre à une parole et chaque parole à une écoute. Le produit fini que représente l’émission produite renvoie aux enfants la possibilité de percevoir leurs capacités à accomplir une tâche, et d’aller jusqu’au bout d’un projet.

 

Coopérer pour réaliser un projet

Imaginez les enfants accepter, décider de redire et encore redire pour que le résultat soit impeccable.... C’est aussi solliciter l’interaction ponctuelle ou continue de certaines classes ou écoles entre elles (projets communs, recherche d’information que telle ou telle autre école peut fournir.... Et aussi permettre aux parents de partager un petit moment de classe avec leurs enfants (notamment grâce au rediffusions du soir et du samedi).

 

 

Travailler l’oral ?  

Alors, un travail oral comme un autre ? Non, pas tout à fait :

· un plus un peu magique côté motivation... (c’est chouette, la technique...) ;

· un plus coté dimension (combien de classes nous ont écouté ?...) ;

· un plus côté mémoire... (on garde de la parole... pas courant.)

· un plus côté qualitatif... (enfin, le toilettage technique aide un peu...). Un oral que l’on retravaille, transforme, modèle comme un écrit…

· un plus côté classe : une ouverture des classes sur les autres classes.

(encart pages IV à VII)

 

Dans le prolongement de la radio, la fête de l’expression et de la communication  

Dès le début de ces productions est née aussi l’idée de faire se rencontrer les enfants qui toute l’année communiquent par les ondes (encart page VIII). Alors, pour créer cet événement, tous les ans, à la veille de la fête des mères, on se retrouve dans un des villages du Toulois qui décuple sa population pour quelques heures, lors d’une journée un peu folle. Chaque classe arrive avec un ou plusieurs ateliers en relation avec le thème de l’année (l’écologie, la récupération, la musique, le mouvement, le passage à l’an 2000, le merveilleux et le féerique....) et les enfants vont et viennent librement à travers tout le village fermé pour l’occasion à la circulation. En début d’après midi, une parade-défilé clot la participation des écoles. Le village peut reprendre le flambeau des animations jusque très tard... ou très tôt.

Martin Wenz

http://www.ac-nancy-metz.fr/ia54/site/sitecom/

 

NOS LIENS:

 

@ L'école: http://www.ac-nancy-metz.fr/IA54/site/moutrot/default.htm

@ Le journal à 4: http://www.ac-nancy-metz.fr/IA54/site/ppj/default.htm

@ LE SECTEUR DU TOULOIS, avec plein de copains dynamiques : http://www.ac-nancy-metz.fr/IA54/site/frame.htm

@ La fête Expression et communication : http://www.ac-nancy-metz.fr/IA54/site/ccm/fetcom/sommaire.htm

  

Une interview réalisée en classe pour la radio.

 

 

Réaliser une émission : différentes approches.

 

 

Première approche :

La réalisation d’émission est vue par certains enseignants comme une mise en valeur d’une production des enfants. L’enseignant réutilise un travail déjà fait en classe. Autrement dit, le travail, les recherches qui ont été faites n’avaient pas pour finalité de devenir une émission.

L’enfant est mis en position de production d’un certain savoir, d’une certaine maîtrise d’un sujet et avec l’émission ”on fait profiter” les autres d’une recherche que l’on a accomplie. Dans ce cas, l’émission revêt une double fonction : celle de mettre en valeur une production au sein de la classe et celle, dans la situation de communication propre à la radio, de donner à d’autres enfants, à d’autres classes la possibilité de bénéficier d’un travail que l’on a fait, avec l’enjeu que l’émission profite aux autres.

Deuxième approche:

On saisit les situations quand elles se produisent. Le thème n’est pas prédéfini, il est capté “au vol”, dans le feu d’une discussion, d’un événement, d’une situation de communication présente dans la classe. Là, il n’y a pas, ou peu d’écrit support à l’expression, ce n’est pas “ de l’écrit oralisé”, mais un oral spontané, peut-être moins parfait, mais plus “vrai”.

Troisième approche:

L’enseignant apporte lui-même le sujet. Voici un exemple dans l’une des premières émissions de l’année : il s’agissait d’imaginer ce que penseraient les hommes en l’an 20 012 en découvrant des objets de l’époque actuelle: une télé, un four... Le but était de capter l’attention des auditeurs en les amusant, et il leur était proposé de prendre d’autres objets, d’en faire une interprétation futuriste et d’exposer ces devinettes au forum. Les enfants ont donc effectué des recherches, ont écrit le scénario, puis ont enregistré leurs descriptions étonnantes. Ce qui est important dans ce type de démarche, c’est la prise en compte de l’auditeur, dans ce que l’on veut produire comme effet. La situation de communication “émetteur-récepteur-code-message” détermine la forme de l’émission.

 

 

Extraits d’interview d’enseignants, pratiquant ou non un pédagogie coopérative :

 

 

- Pourquoi faîtes-vous écouter les émissions de radio Cache Cache Micro aux élèves?

- Pour diversifier l’écoute. On a l’habitude d’écouter la maîtresse, les autres enfants de la classe ou de la musique mais avec Cache-cache Micro, c’est une voix qui vient d’ailleurs ; pour les enfants cela a quelque chose de magique, ils sont drôlement attentifs. C’est un moyen de savoir ce qui se passe ailleurs. Ils s’aperçoivent que d’autres écoles ont travaillé sur la même chose que nous, c’est intéressant, ça donne des pistes nouvelles.


- Utilisez-vous, prolongez-vous parfois les émissions de radio?

- Presque à chaque fois, soit par un débat, soit par une vérification d’écoute, soit par un travail sur le sujet traité dans l’émission.

- Il y a toujours une discussion libre à l’issue de l’émission écoutée. On ne peut pas préparer l’écoute car on n’a pas les sujets des émissions à l’avance, donc le débat reste parfois peu approfondi. Quand il s’agit d’un thème qui a été abordé en classe, on essaie de comparer , de se souvenir de ce que l’on avait fait.

D’autre part, j’enregistre les émissions qui ont plu aux enfants, ce qui me fait une banque de documents sonores pour mon coin écoute.


- Qu’est-ce qui conditionne la qualité d’écoute des élèves?

D’une part sa qualité technique : des émissions pas trop longues, mais entrecoupées de comptines, chants pour que les enfants ne soient pas obligés de rester attentifs trop longtemps.

D’autre part, le rituel : les enfants savent qu’on écoute la radio tous les mardis et jeudis, au même moment. Cette habitude est important, ils s’attendent à devoir être attentifs, et à bien écouter.


- Que se passe-t-il du côté des élèves pendant l’écoute ?

- Ils se sentent concernés par certains sujets. Parfois certains se fixent sur un mot, une phrase et en restent là, mais quand l’émission est inductrice de débats ils voudraient alors intervenir tout de suite. C’est gros un travail d’écoute, car il ne faut pas réagir dans l’instant, sinon on perd le fil. On apprend à attendre et à préparer son argumentation.



 

 

Page I

Radio à l’école, une pratique au quotidien

Cache-Cache-Micro

 

Un réseau d’écoles du toulois (54) :Charmes la Côte, Francheville, Moutrot, Villey le Sec.

 

 

Page II

La programmation actuelle offre quatre émissions hebdomadaires diffusées à 13h35 :

- lundi : émission à destination des grandes classes apportant des informations précises et proposant un sujet d'enquête, de réflexion ou de débat pour la semaine ...
- mardi : émission préparée par, et pour les enfants de Cycle II.
- jeudi : émission préparée par, et pour les enfants de Cycle I et II.
- vendredi : émission Forum faisant suite à celle du lundi. Grâce à un Triplex téléphonique avec le studio, les enfants peuvent confronter leur point de vue, débattre ou questionner des invités adultes ...
Une rediffusion de l'ensemble des émissions est faite le samedi.

 

Page III

 

Quels contenus d’émissions ?

 

Des documentaires :
l’œil
le Groenland

Des reportages, des enquêtes, des interviews :
le maire et la mairie de Villey Saint Etienne
le boulanger d’Allamps
le patrimoine culturel de nos villages
une journée chez nos correspondants
visite de Verdun
interview de Renaud
interview des Muvrini

Des devinettes ( classiques et sonores)

Des débats
la chasse
les événements marquants de 1998
les bêtises
le racisme
la pollution
Le bonheur

Des histoires :

lectures de contes d’auteurs ou inventés
les archéologues de l’an 20 010

Des poésies :

lectures de poésies d’auteurs ou inventées

Question de Louis (Cp) au boulanger interrogé
“ -Pourquoi t’as voulu faire ça comme métier?
-Ben, l’école, j’aimais pas ça, alors j’ai appris avec mon père, comme ça.
- Qu’est ce que tu aimes dans ton métier?
- Faire du bon pain, et répondre aux questions des enfants.”

 

Page IV et V

Cache-Cache Micro, dans une classe maternelle (PS MS GS)
Témoignage de Yolande Valentin, enseignante en maternelle à propos de l’émission réalisée cette année par sa classe.

Au départ les enfants écoutaient l’émission d’une oreille distraite avant d’avoir eu l’occasion de produire pour les autres. C’est en faisant l’effort d’être producteurs qu’ils ont compris l’importance du récepteur (ici auditeur).

1ère étape : Il a d’abord fallu que le micro nous apprivoise.

Tout un travail d’acceptation de soi au travers d’un enregistrement a permis de se sentir à l’aise. C’est pour cela qu’on a inventé des devinettes sonores (imitations du chat...), pas besoin de parler, il suffisait d’imiter un bruit, on a bien ri et c’était si confortablement anonyme !
Mais lors de la séance suivante un petit bout de chemin avait été parcouru : « moi, je veux bien parler dans le micro,... oh, c’est drôle, on dirait pas que c’est moi… ».

 Et tout le monde a voulu essayer : « ah, oui ça c’est N. .… parce qu’elle dit toujours, comme ça !... Mais on ne comprend pas ce que tu dis » .

2ème étape : il a fallu envoyer des messages que les copains puissent comprendre.

Finalement, après tous ces jeux, l’oreille est devenue de plus en plus attentive aux émissions des autres… mais aussi très sévère au niveau des critique : « il n’explique pas bien, on n’entend rien, parle plus fort … »
Ce que les enfants préfèrent ce sont les émissions drôles, avec des chansons rythmées ou bizarres et surtout avec beaucoup de devinettes faciles...
C’est de là qu’est partie l’idée de chanter du Steve Waring « le son de ta peau », de raconter et surtout de faire le bruitage de l’histoire « PROUT, l’éléphant qui pétait tout le temps » ainsi que d’inventer des devinettes sonores faciles.
Les enfants ont construit l’émission en rapport avec ce qu’ils attendent en tant qu’auditeurs. Ce qui leur a surtout permis de comprendre que les auditeurs sont réels ce sont les réponses envoyées par les enfants de l’école de Moutrot : un poster géant sur lequel toutes les réponses des devinettes étaient dessinées.

La boucle est bouclée !

On n’a plus peur de parler au micro, on sait qu’on est écouté, et en plus maintenant on respecte les émissions des autres , c’est ça Cache-Cache Micro… mais ça n’est pas que cela , désormais nous allons à la rencontre d’autres plaisirs… à la radio !

Les émission sont enregistrée en classe…

 

… ou en direct en studio

 

 

Page VI et VII

Préparer

l’émission

 

Page VIII

La fête de l’expression et de la communication

 

   Créer l'événement chaque année dans un village où se rencontrent 1500 à 2000 enfants issus des écoles du toulois à travers des ateliers de créatiAon, de découvertes, et surtout d'expression et de communication, tel est l'esprit de cette fête.
Ces enfants réunis quotidiennement sur les ondes de radio Déclic lors de l'émission Cache-Cache-Micro ont ainsi l'occasion de se rencontrer et de partager.

Cette fête est l'aboutissement d'une volonté mise en oeuvre depuis le début de l'année scolaire dans chacune des quelques cinquante classes du groupe Cache-Cache Micro.

 

Chaque année, un travail pédagogique est entrepris autour d'un thème fédérateur (les thèmes de ces dernières années : la musique à travers le temps et l’espace, le mouvement dans tous ses états, l’enfant écocitoyen, le cinéma a 100 ans, une fête au Moyen-Âge, le jeu, l’air…)



 



 



 

 

 

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