En Chantier n°26, mars 2021

Mars 2021
En Chantier, Publication du Chantier de Recherche documentaire de l'ICEM Pédagogie Freinet : productions de classes, recherches documentaires, exposés,  témoignages, pratiques...
Pour donner-trouver des idées : pour des élèves acteurs et auteurs de leurs savoirs.
Ce numéro présente la synthèse des échanges eéalisés lors de la rencontre du Chantier Doc2D en mars 2021

  

Démarrer une recherche documentaire

Démarrer une recherche documentaire
 
 

Récit d’une recherche documentaire amorcée en E.C.J.S., par Joëlle, professeure documentaliste en collège.

L’objectif de cette recherche documentaire est de faire travailler les élèves sur un sujet de débat choisi par la classe. Il s’agit de définir une problématique et d’y répondre grâce aux recherches des élèves. Une première activité remue-méninges lance le travail.

D’abord, les élèves devront choisir un sujet ensemble. Ils proposent ainsi une liste de thèmes possibles, selon leurs intérêts. Face à la difficultés d’en choisir un, un vote est organisé et les cinq thèmes ayant reçu le plus de voix seront travaillés lors de la prochaine étape : l’exploration du sujet. L’objectif principal pour les élèves est de se représenter le sujet avec les idées de tout le monde. Dans un premier temps individuellement, puis collectivement, ils dressent une liste de questions possibles. Grâce à cette première mise en commun, le groupe s’accorde sur un choix définitif, ici l’homosexualité.

Un second temps est dédié aux mots-clés. On demande aux élèves, chacun de leur côté, d’écrire le plus de mots possibles, ou bien de noter les trois mots qui leur semblent les plus importants. Cet exercice est destiné à interroger le sujet, à orienter et organiser la recherche, mais aussi offrir de nouvelles pistes ou de nouvelles questions à explorer. La mise en commun de tous les mots de la classe peut se faire sous forme de carte mentale, dans laquelle les mots-clés et les idées sont regroupés. La collecte peut également se faire sous forme de liste de mots écrite au tableau, qui sera ensuite retravaillée par la classe qui regroupera les idées par couleurs, et donnera à chaque couleur un titre. Cette collecte peut être exploitée par les élèves qui construisent eux-mêmes une carte mentale. Elle peut être ensuite présentée en guise de synthèse, de sommaire ou d’introduction. Le sujet est ainsi exploré et organisé.

C’est à partir de ce document que la recherche documentaire est impulsée. Par groupes, les élèves choisissent leur sujet et répartissent le travail. La recherche documentaire démarre. Les mots-clés aident aussi les élèves à chercher dans les moteurs de recherche. A ce stade, les élèves doivent déjà savoir quelle restitution est attendue, ou celle qu’ils choisiront librement. Quand chaque groupe aura présenté son travail, tous les aspects du sujet seront évoqués. Chacun aura apporté quelque chose, un mot, une idée, une question... L’ensemble sera riche. Le groupe est fécond et la pratique du remue-méninges est l’outil qui permet de l’exploiter.

 

 

Les étapes pour commencer une recherche documentaire, par Anne-Marie, professeure documentaliste en lycée professionnel.

Avant de commencer toute recherche documentaire, chaque élève est invité à mener un premier travail préparatoire. Il s’agit de définir ce que l’on cherche. Au brouillon, chacun écrit tout ce qu’il sait. On ne trouve que ce que l’on sait qu’on cherche. L’enseignant encourage dans un deuxième temps à ajouter tout ce qu’il pense savoir. L’erreur est ici bien sur possible, elle est celle qui permet de soulever des contradictions. Lors de la mise en commun, les élèves présentent les sujets qu’ils ont choisi. Puis, la classe est invitée à poser des questions supplémentaires. Le groupe apporte une nouvelle idée à exploiter, une nouvelle piste à suivre, une question à approfondir.

Les élèves démarrent ensuite la recherche documentaire en complétant un document de collecte. Il s’agit de 2-3 pages dans lesquelles les élèves notent les informations qu’ils trouvent. Ils y indiquent les sources. Plus tard, ce document servira de base pour la rédaction des résultats de la recherche et de la bibliographie. Au cours de la recherche, Anne-Marie organisent des bilans d’étape où les élèves présentent à leurs camarades le travail fait, non fait, ou restant à faire.

 

Propos recueillis par Audrey 

Le Village

 EXPERIENCE PARTAGEE : le village d’Hélène PICO

Interviewée par Salima CREPIN-LEBLOND

CLASSE CONCERNEE : 5ème
- le point de départ :
Des amis d’Hélène ont pratiqué cette action avec leurs élèves dans le collège Freinet de St MAURE.
Ce collègue a donné quelques documents liés à cette action à Hélène.

 

DEROULEMENT DE L’ACTION :

- sur toute l’année scolaire.
- A raison d’1h par semaine au CDI avec la prof-doc Hélène D.


 

BUTS :

- Les élèves doivent écrire plusieurs formes de textes : descriptifs, narratifs, textes avec dialogues,...
- Développer sa créativité et son imaginaire.
- créer un livre commun avec un exemplaire confié au CDI.
- chaque élève a son livre du village avec ses dessins et ses textes.

 

PRESENTATION DE L’ACTION AUX ELEVES :


« Nous devenons tous les habitants d’un village commun » : les 2 enseignantes, Clémence une AED sont intégrées au projet comme tous les élèves en classe entière. 

 

MODALITES :


Il s’agit d’un travail individuel pour évaluer la pratique d’écriture.
Evaluation avec des critères connus des élèves : l’engagement, la créativité, la beauté, la qualité d’écriture, persévérance…
Les erreurs orthographiques et syntaxiques sont travaillées, corrigées et éliminées au fur et à mesure des corrections.

 

POINT DE DEPART :


Chacun de nous aura sa maison et son métier. Nous sommes en Touraine et à notre époque.

1) choix du métier.

Hélène D propose une carte mentale à toute la classe pour chercher les métiers que l’on peut trouver dans le village.
- recherches sur les métiers et les besoins auxquels ils répondent.
- Distinguer la fonction, du métier.

Hélène D présente les différentes fonctions dont le village a besoin.
Par exemple : se nourrir.
Les élèves complètent alors avec les métiers liés à cette fonction (paysan, boulanger, crémier, …)
Autre exemple : fonction gérer : maire, cantonnier, éboueur,…

2) Tri des métiers fait collectivement.
Quels métiers garde-t-on ?

3) attribution d’un métier par personne.
Par groupe de 3 ou 4, les élèves attribuent 1 métier à chacun.
Chaque groupe fait de même.
Restitution de chaque groupe.
Hélène parmi le choix émis par chaque groupe, choisit un métier pour chaque élève et adulte (décision plus rapide ainsi).
Chaque élève a ainsi un métier attribué qui doit être éloigné de lui.

4) L’élève doit faire des recherches pour connaître son métier.
Recherche doc.
Possibilité d’interviewer quelqu’un qui exerce ce métier.

1ère production :
L’écrit peut être un texte explicatif (attention pas la copie de la fiche ONISEP)
Sinon l’élève rédige une interview fictive sous la forme d’un article de journal.
Travail de créativité sur la présentation du texte.

Hélène corrige cette série de textes et ajoute des remarques pour l’améliorer.

Ecriture au propre du texte sur une feuille qui sera reliée.
Travail sur la mise en valeur graphique du texte, de l’écriture,..

2ème production :

Inventer, se construire sa maison.
Recherche doc : lister tous les matériaux possibles et toutes les formes de maisons qui existent.
Exemple : béton, sable, bois,...
Exemple : tipi, cabane, maison troglodytique, caravane, yourte,..

L’élève doit choisir 1 forme de maison et ses matériaux.
Il doit dessiner la maison et son environnement par exemple près de la rivière, au centre du village ou dans les bois.

L’élève doit choisir son lieu de travail.
Dans la maison et dans ce cas, à quel endroit ?
Ou à l’extérieur et à quel endroit dans le village ?

3ème production :

Dessiner son lieu de travail avec pour consigne être original, farfelu si possible.

4ème production :
ECRITURE : produire un texte descriptif sur la maison et son environnement.
INTERDICTIONS : pas de « il y a », pas de « c’est » « ce sont », pas de répétitions.
Il s’agit d’utiliser des adjectifs qualificatifs, des expansions du nom, des verbes d’état, des synonymes et prêter attention aux temps des verbes.
Par exemple : « j’aime entendre le chant des oiseaux qui se posent sur le grand saule planté au milieu du jardin. »
Autre astuce : décrire en partant du plus loin vers le plus proche « en venant du bois, je me dirigeais vers l’entrée du portail. »

Choix du nom du village à inventer collectivement.
Attention il faut apporter une méthodologie, une étude des noms de villes et leur étymologie.
Les élèves donnent le nom de leur lieu de résidence et de leurs lieux de vacances.
Travail de réflexion sur la construction de ces noms.
Etymologie : racines latines, gauloises,…


a) chaque élève choisit un nom.
b) Chacun le présente dans son groupe.
Le groupe en choisit 1.
c) expression de chaque groupe, notée au tableau.
d) vote

 

SELECTION DES TEXTES DANS LE LIVRE COMMUN


a) en groupe, chacun lit son texte.
b) le groupe en choisit 1.
c) chaque groupe présente ce texte.
d) 2 textes sont sélectionnés.

 

NOMBRE MINIMUM DE TEXTES ECRITS PAR CHAQUE ELEVE :

5 textes obligatoires par élève.

5ème production
ECRITURE :
Inventer une histoire (le texte narratif)
La classe doit sélectionner un problème.
Par exemple : un géant arrive dans le village.
En parallèle en cours de français étude d’un extrait du voyage de Gulliver.
Autre exemple : un hypermarché souhaite s’installer au village, les habitants sont-il d’accord ? (idée d’Hélène D)
C’est l’occasion d’écrire un texte argumentatif dans ce cas.


Le village va ainsi évoluer, se modifier en fonction de ce récit.
Les plus motivés peuvent écrire d’autres épisodes.
a) Chacun doit écrire ce qu’il se passe pour lui dans le village. Récit à la 1ère personne.
b) l’élève raconte ce qu’il arrive à son voisin. Récit à la 3ème personne.

L’élève doit écrire la résolution du problème (situation finale)
En cours de français, étude en parallèle du schéma narratif et du schéma actanciel si nécessaire.

 

LE PLAN DU VILLAGE :

Un plan du village se trouve sur la tableau du CDI.
Chaque élève doit dessiner le plan du village sur une feuille A4 format paysage.

 

REMARQUES D’HELENE P


- Les élèves rentrent vite dans l’activité.
- Le passage à l’écriture du récit est plus compliqué.
- des facilités à créer le village, la maison et le métier.
- Il s’agit de retrouver l’utilité de certains métiers « les 1ers de corvée » : éboueurs, cantonniers,…
- Une élève très en retrait, primo-arrivante, a construit une maquette de sa maison avec son père.
photo ci-jointe












 

Rencontre entre élèves et personnalité locale

 Rencontrer une personnalité locale, par Salima professeure de Lettres-Histoire-géographie en lycée professionnel




Salima sollicite régulièrement des personnes de son entourage ou des personnalités locales. Elle leur propose de rencontrer ses élèves de lycée professionnel. Il s’agit souvent de personnes avec un parcours de vie particulier, en lien avec le programme ou l’orientation des élèves. Dans un premier temps, elle discute avec l’invité en dehors du lycée de ce qu’il évoquera en classe et des documents qu’il pourra présenter. En parallèle, les élèves préparent des questions.

Lors d’une séance de deux heures, les élèves de seconde BAC Pro et de terminale CAP rencontrent un ancien rugbyman professionnel reconverti en coach sportif, puis en chef d’entreprise. Après un premier temps de présentation, les élèves posent leurs questions. Les échanges sont très riches, parce que cet intervenant (comme les autres) ont souvent des parcours scolaires et professionnels atypiques. Leur expérience confronte les jeunes aux réalités du monde extérieur. Les élèves sont attentifs, curieux et se projettent volontiers dans leur future vie d’adulte. Salima les découvre sous un autre jour. Alors que l’invité demande aux élèves ce qu’ils veulent faire plus tard, l’enseignante remarque que les garçons sont préoccupés par la rémunération quand les filles réfléchissent à leur épanouissement professionnel et personnel.

Suite à cette rencontre, Salima propose différentes activités à ses élèves. Tout d’abord, ils écrivent la biographie de l’invité sous forme de texte ou de frise chronologique. Elle peut leur demander de rédiger une description physique et morale, et enfin d’argumenter : « avez-vous apprécié cette rencontre ? ». Ces écrits pourraient donner lieu à la publication d’un journal. A l’avenir, Salima aimerait solliciter les parents de ses élèves.

Propos recueillis par Lucie et Audrey

Recherche documentaire en Français

 Recherche documentaire en Français

 

Le point de départ : Question de réflexion en Français dans le cadre de la séquence sur l’autobiographie. Lucie demande : « De qui aimeriez-vous lire l’autobiographie et pourquoi ? » .

Une fois leur sujet d’argumentation rédigé, ils le rendent et il est corrigé. Cette lecture est l’occasion de proposer à certains élèves, selon leur réponse, de développer un projet de recherche plus approfondi sur leur personnage. L’élève se saisit ou non de cette proposition.

Le travail se fait soit sur les heures de travail autonome (1h30 par semaine), soit à la maison.

Ysaline s’intéresse à une actrice américaine qui souffre d’endométriose et qui s’est engagée dans un combat pour faire connaître cette maladie.

L’élève va d’abord faire la liste de ses propres connaissances sur le sujet, puis se poser une dizaine de questions sur ce qu’elle aimerait découvrir ou apprendre. Ce premier travail donne lieu à la définition d’une problématique et à l’élaboration d’un plan. Le résultat des recherches sera présenté à la classe à l’aide d’un diaporama, les autres élèves étant invités à participer à l’évaluation argumentée.

Des allers-retours ont lieu tout au long du travail de recherche, via la pochette de travail autonome, entre l’élève et l’enseignante. Lucie valide le questionnaire et la problématique, donne si besoin des pistes de recherche, lève les doutes et encourage.

Doriane, elle, aurait aimé lire l’autobiographie de son arrière-grand-mère, venue de Pologne avant guerre, partie pour Israël en 1947 et revenue ensuite en France avec un nouveau mari.

Elle va entreprendre des recherches, avec l’appui de son professeur d’histoire pour comprendre le contexte, mais plusieurs freins vont ralentir le travail. Pas simple pour Doriane de fouiller l’histoire familiale, d’être sous le regard de certains de ses camarades et de se sentir légitime pour refaire le voyage.

Plus que le sujet de recherche en lui-même, ce qui importe c’est de susciter la motivation et l’intérêt des élèves. La question initiale peut évoluer en cours de route et donner lieu à des travaux riches et utiles à tous.

Par exemple lorsqu’un élève, qui doit répondre à la question : « A quelle loi pouvez-vous désobéir ? », trouve qu’en Suisse il est interdit de tirer la chasse d’eau après 22 h. Il ne s’est pas aperçu que l’information était fausse. Après plusieurs échange dans la classe, il cherche à vérifier la véracité de cette loi. Il va finalement comprendre qu’il s’est fait berner et se lancer dans une recherche sur la fiabilité des sources. Il va interroger le professeur-documentaliste de l’établissement et réaliser une fiche pour toute la classe.

Lucie, professeure de Français interrogée par Joelle

 

 

 

 

Le plan de travail

 Interview de Lucie, professeure de lettres modernes en collège, sur la mise en place de son plan de travail.

 
Niveau 4ème
 
Dans la répartition de la semaine, une heure trente des cours est consacrée au Travail
Autonome (TA), organisé par un plan de travail.
Organisation du cahier : en prenant le cahier par le début, ce sera la partie occupée par l’analyse des textes. En prenant le cahier par la fin, ce sera l’emplacement réservé aux travaux qui répondent au plan de travail.
Une pochette circule entre les élèves et la professeure : elle contient des instructions, le calendrier que remplit l’élève, les dates que l’élève se fixe pour faire l’évaluation qui correspond à son apprentissage, la page ou la professeure indique les résultats des évaluations. Cette pochette est consultée et signée par les parents à la fin de chaque période.
Dans la partie du cahier consacrée au plan de travail, la page 1 est réservée aux objectifs : l’élève inscrit, avec la date, l’objectif sur lequel il va travailler, puis se met au travail en choisissant ses outils. Lorsque l’objectif est atteint, l’élève se fixe un autre objectif, ainsi de suite.
 
En début d’année, Lucie fait faire aux élèves une dictée qui sert de diagnostic. Elle la corrige en utilisant un jeu de couleur pour catégoriser les erreurs (orthographe, accords, verbes …). Ce qui lui permet sur la copie de l’élève d’indiquer les premiers objectifs de travail pour l’élève.
Dans cette liste, l’élève sélectionne un premier objectif qu’il reporte sur la page 1 (tous les objectifs apparaissent sur cette page ; lorsqu’il n’y a plus de places, on ajoute une feuille afin que les objectifs soient regroupés et tous visibles dès l’ouverture du cahier).
 
L’élève au travail :
 
L’élève travaille sur son premier objectif. Il utilise comme support des feuilles volantes qu’il rendra à la professeure à la fin de l’heure, à l’intérieur de la pochette réservée. L’élève organise lui-même son travail pour atteindre ses objectifs, il dispose de manuels et des fichiers d’auto-correction. Ces étapes intermédiaires circulent entre l’élève en classe et la professeure, ne sont jamais emportées à la maison.
 
Chaque élève a un « cahier de réussite », une pochette dans laquelle il accumule les travaux qui, selon l’avis de la professeure, sont devenus satisfaisants par rapport à sa progression.
A la fin de chaque trimestre, ce « cahier de réussite » est présenté à la famille qui le signe. C’est un des éléments de l’évaluation du trimestre.
 
Lorsque l’élève a réalisé le premier groupe d’objectifs fixés à partir de la dictée, les objectifs suivants seront fixés à partir des textes libres produits par les élèves lors du TA.
 
 
Grille d’échange établie par la professeure : l’élève remplit les cases qui concernent son travail, puis la professeure apporte une appréciation, une validation ou des conseils pour améliorer l’acquisition de la notion.
                                                                  Pochette                                                            Cahier
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Commentaires  de la professeure :
 

IRD en 6°

 Initiation à la recherche documentaire (IRD) avec des sixièmes.

Nicole interroge Ioana


Au collège où Ioana est professeure-documentaliste, les classes de sixième ont une heure d’IRD dans leur emploi du temps mais il n’est pas dans les habitudes des enseignants de poursuivre la pratique de la RD en collaboration avec elle ; ainsi, la méthode ne peut être renforcée par une pratique répétée. La découverte du CDI se fait en classe entière entre la rentrée et les vacances d’automne puis les élèves viennent par demi-classe.

N : Bonjour Ioana, je voudrais que tu me parles d’une de tes initiations à la recherche documentaire
Io : Mais ma méthode pour cette activité n’est pas spécifiquement Freinet
N : Certes, mais pour la pédagogie Freinet, la recherche documentaire est une activité très importante dans la formation des élèves, puisqu’il s’agit de chercher, de découvrir et de construire son savoir. As-tu conduit l’initiation comme un cours théorique ou comme une activité liée à un sujet ?
Io : Les élèves des cinq classes sont reçues par demi-groupes ; les élèves ont été très dirigé.e.s avec un thème imposé pour chaque groupe et l’obligation de suivre une fiche méthodique. (voir la fiche de présentation de l’exposition qui a conclu le travail)
N : Où as-tu pris la fiche méthode ?
Io : Sur le site personnel d’une collègue documentaliste ; je l’ai adaptée ;
Pour la première étape « cerner le sujet », qui est la plus importante, chaque groupe est partagé en petits groupes ; les élèves s’entrainent sur trois thèmes et comparent leurs questionnements respectifs.
Au début, les élèves avaient du mal à trouver des questions car ils ont plus l’habitude de fournir des réponses que de se questionner. Mais ils se sont aperçus qu’une question en appelle une autre, ou que le même sujet suscite des questions différentes ; pour une personne humaine, on peut poser des questions d’état civil ou bien d’événements de vie.
N : Quelle production est demandée aux élèves pour rendre compte de leur travail de recherche ?
IO : Le travail des élèves débouche sur la réalisation de panneaux exposés dans le hall du collège et au CDI ; comme je prends les groupes par période, certains ont fini en janvier, d’autres finissent en mai. L’exposition reste visible au moins un mois.
La démarche est exposée dans un texte de présentation de l’exposition qui comprend des panneaux de tailles différentes (entre 1 A3 et 6 A3).

N : Tu disais que ce n’était pas spécifique Freinet, ferais-tu autrement maintenant ?
Io : Je laisserai aux élèves le choix du thème et me demanderai comment orienter leur questionnement ; j’essaierai aussi de programmer un plan de travail pour que leur travail individuel soit mieux accompagné. En effet, comme le temps de travail en classe est trop bref, il y a beaucoup à faire en dehors.
N : Penses-tu que l’IRD permet aux élèves d’acquérir la méthode ?
Io : Je ne constate pas que la méthode est acquise pour les RD ultérieures ; je voudrais resserrer les liens avec des profs pour harmoniser les méthodes afin que l’élève acquière une démarche de recherche. Pour que la démarche aille de soi, il faudrait qu’elle soit répétée.
N : Comment les élèves ont-ils réagi lors de l’exposition de leurs travaux ?
IO : Les élèves étaient contents de voir les productions des autres ; ils étaient aussi contents de retrouver au mois de mai leurs panneaux faits en janvier. C’était une bonne surprise pour eux et le souvenir de cette activité leur paraissait lointain.
N : Archives-tu les travaux d’élèves ?
IO : L’expo est ressortie en début d’année suivante pour montrer aux nouvelles sixièmes. C’est une façon d’annoncer l’IRD.
Une autre année, j’ai proposé comme thème l’internet.
Chaque groupe avait la possibilité de créer une question à partir des informations de son panneau. Il pouvait y avoir alors un jeu pendant la visite : chercher la réponse dans le panneau. Mais surtout l’élaboration de la question était un travail très fécond.

N : As-tu des regrets, des propositions pour les années à venir ?
IO : Pas de regrets, mais je voudrais aussi faire l’IRD en lien avec un projet de classe ; j’ai aussi épluché les programmes pour récolter toutes les pistes de RD qu’ils contiennent et les proposer aux enseignants de discipline.