En Chantier n°13, mars 2010

Mars 2010

En Chantier, Publication du Chantier de Recherche documentaire de l'ICEM Pédagogie Freinet: productions de classes, recherches documentaires, exposés,  témoignages, pratiques...
Pour donner-trouver des idées : pour des élèves acteurs et auteurs de leurs savoirs.

Pour nous contacter : //btn[arobase]icem-freinet.org/">btn[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!

Vers Outils et Publications

En Chantier n°13, mars 2010, Et si on jouait Socrate ?

 

Et si on jouait Socrate ?
Découvrir qui était Socrate, en expérimentant les effets qu’il pouvait produire.
Un écrit de Platon oralisé et réapproprié par des élèves en classe terminale L.

témoignage de Laurence Bouchet, professeur de philosophie au Lycée de Pontarlier (Doubs)

 

Sommaire

Vivre l'écriture et la lecture !

Ecrire et parler, parler et écrire

"Xanthippe et ses amis" au lycée

Le projet

Un écrit de Platon oralisé et réapproprié

La représentation

Le bilan

Annexe : Les dialogies écrits par les élèves

 

 

 

 

 

 

Platon et Socrate

Dans cette image analysée longuement par Jacques Derrida dans la Carte postale, les rôles entre Socrate et Platon semblent inversés puisque le second semble dicter au premier. En réalité, c’est Platon qui a écrit ce que disait Socrate en dialoguant avec ses interlocuteurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

Vivre l’écriture et la lecture !

«Socrate – C’est que l’écriture, Phèdre, a, tout comme la peinture, un grave inconvénient. Les oeuvres picturales paraissent comme vivantes ; mais, si tu les interroges, elles gardent un vénérable silence. Il en est de même des discours écrits. Tu croirais certes qu’ils parlent comme des personnes sensées ; mais, si tu veux leur demander de t’expliquer ce qu’ils disent, ils te répondent toujours la même chose. Une fois écrit, tout discours roule de tous côtés ; il tombe aussi bien chez ceux qui le comprennent que chez ceux pour lesquels il est sans intérêt ; il ne sait point à qui il faut parler, ni avec qui il est bon de se taire. S’il se voit méprisé ou injustement injurié, il a toujours besoin du secours de son père, car il n’est pas par lui-même capable de se défendre ni de se secourir.»

Platon, Phèdre

 

«Si l'écriture n'a pas suffi à consolider les connaissances, elle était peut-être indispensable pour affermir les dominations. Regardons plus près de nous : l'action systématique des États européens en faveur de l'instruction obligatoire, qui se développe au cours du XIXe siècle, va de pair avec l'extension du service militaire et la prolétarisation. La lutte contre l'analphabétisme se confond ainsi avec le renforcement du contrôle des citoyens par le Pouvoir. Car il faut que tous sachent lire pour que ce dernier puisse dire : nul n'est censé ignorer la loi.»


Claude Lévi-Strauss,
Tristes tropiques

 

 

Ecrire et parler, parler et écrire :

En classe de philosophie pendant l’année de terminale, les élèves doivent étudier un ensemble de notions à propos desquelles le professeur propose généralement un cours magistral construit autour d’une problématique. On leur demande également, dans le cadre «d’une lecture suivie» de travailler sur un livre philosophique. Cet ouvrage est choisi par le professeur qui dispose d’une liste d’auteurs philosophes déterminée par le programme. Je sais bien, pour n’avoir pas totalement perdu le souvenir de mes années de lycéenne, qu’un livre dont on impose la lecture ne se lit pas avec grand entrain. C’est un travail supplémentaire qui s’ajoute à la longue liste des devoirs. Sans parler du rapport souvent complexe à la culture et à la lecture. Un livre qu’il faut étudier, sur lequel on va être interrogé et dont le maître est censé nous donner la clé, n’est pas un objet ouvert dont chaque intelligence pourrait s’emparer librement.
En général cette partie «lecture suivie» du cours de philosophie est un pensum, il faut lire à voix haute, suivre la pensée de l’auteur et la commenter dans l’objectif de la préparation à l’oral de rattrapage du baccalauréat.
Habituellement je présente l’auteur, le livre et son contexte puis nous commentons. Les élèves désireux de se préparer à cet exercice oral peuvent présenter une explication devant la classe.
Ce contexte (lecture imposée par le professeur, oral de rattrapage) ne facilite pas l’abord d’un livre de philosophie.
Cette année j’ai choisi de faire étudier aux élèves le Banquet de Platon, un texte assez court qui aborde le thème éternel de l’amour. J’ai pensé que cela pourrait plaire aux lycéens.
Mais comment procéder pour ne pas enterrer les paroles vivantes de ce texte, pour qu’il ne devienne pas l’occasion d’un exercice du pouvoir plus ou moins bien accepté, pour qu’il ne soit pas un livre venu du fin fond de l’antiquité, d’une époque qui ne nous parle plus mais qu’il faut malgré tout étudier pour l’examen ? Socrate et Platon n’ont pourtant pas philosophé pour que souffrent des classes de jeunes lycéens !
Que faire pour que ce beau texte sur l’amour nous parle encore, pour s’en emparer pour faire vivre sa lecture ?

« Xanthippe et ses amis » au lycée

L’étude d’un ouvrage de Platon semble tout particulièrement appropriée pour aborder la question du rapport entre l’oral et de l’écrit. Les écrits de Platon se veulent les retranscriptions des dialogues entre Socrate et ses interlocuteurs. La philosophie de Socrate est une philosophie orale, une philosophie vivante, une philosophie de la discussion où l’on pose des problèmes, où l’on examine les arguments, où l’on revient sur ce qu’on a dit, une philosophie que Platon a inscrite dans la durée par le texte. Comme il l’écrit lui-même dans le Phèdre, l’écrit a figé une parole qu’il faut tenter de faire revivre. Nous nous trouvons devant une parole écrite venue d’une parole orale pour retourner à l’oral.
Avec les élèves de terminale L et des étudiants de l’Université de Besançon nous avons expérimenté le détour par le théâtre pour redonner du sens à l’écrit. La troupe Xanthippe et ses amis constituée d’étudiants amateurs passionnés de théâtre et de philosophie a proposé aux lycéens un travail d’écriture et de mise en scène à partir d’improvisations autour du Gorgias (travaillé dans une autre classe de terminale L avec ma collègue de philosophie) et du Banquet de Platon.

 

Le projet

Magalie Journot, membre de la troupe, est venue travailler avec la classe pendant quatre séances de deux heures.
Voici comment elle a présenté sa proposition de travail :

«Il s’agit de faire découvrir aux élèves qui était Socrate, en leur faisant expérimenter par eux-mêmes les effets qu’il pouvait produire. Ces effets sont de deux ordres et se rattachent à deux pratiques différentes :

- la réfutation (en grec elenchos) qui consiste à faire reconnaître à un interlocuteur qui se croit savant qu’il est en réalité ignorant. Cette pratique a pour effet de déstabiliser l’interlocuteur, de lui faire remettre en cause jusqu’à ses certitudes les plus assurées ; Ménon décrit par exemple l’effet que cette réfutation a produit sur lui :

«Socrate, avant même d’être en relation avec toi, j’avais bien entendu dire que tu ne fais rien d’autre que douter toi-même et qu’amener les autres à douter ; et, à présent, telle est l’impression que tu me donnes : me voilà ensorcelé par toi, j’ai bu ton philtre magique, je suis, c’est bien simple, la proie de tes enchantements, si bien que je suis maintenant tout embarrassé de doutes ! À mon sens, supposé que l’on doive ici faire à la raillerie quelque place, tu es, de tout point, tant par ton extérieur qu’à d’autres égards, on ne peut plus semblable à cette large torpille marine qui, comme on sait, vous plonge dans la torpeur aussitôt qu’on s’en approche et qu’on y touche. C’est une impression analogue qu’à cette heure, je crois, tu as produite sur moi ! Une véritable torpeur envahit en effet mon âme aussi bien que ma bouche, je ne sais que te répondre. Et pourtant, oui, j’ai sur la vertu mille et mille fois copieusement parlé, et devant de grands auditoires, enfin, au moins si je m’en crois, avec plein succès ! Or, à présent, ce qu’elle est, je suis totalement incapable de même le dire !»


Platon, Ménon, 79e-80b, édition Gallimard, Paris, 1950, traduction Léon Robin

- la maïeutique qui consiste au contraire à faire découvrir à un interlocuteur qui se croit ignorant qu’il possède en réalité un certain savoir, même si ce savoir n’est peut-être pas directement accessible et qu’y accéder demande alors un effort, un travail. Socrate se définit dans le Théétète comme un accoucheur des âmes, en référence à la profession de sa mère, Phénarète, qui était sage-femme :

«Ceux qui me fréquentent donnent, pour commencer, l’impression d’être ignorants, quelques-uns même de l’être absolument ; mais chez tous, avec les progrès de cette fréquentation et la permission éventuelle de Dieu, c’est merveille tout ce qu’ils gagnent, à leurs propres yeux comme aux yeux d’autrui ; ce qui en outre est clair comme le jour, c’est que de moi ils n’ont jamais rien appris, mais que c’est de leur propre fonds qu’ils ont, personnellement, fait nombre de belles découvertes, par eux-mêmes enfantées.»


Platon, Théétète, 150d, même édition et traduction

Plus concrètement, à partir des textes du Banquet et du Gorgias, étudiés en cours avec leur professeur de philosophie, nous devrons amener les élèves à prendre tour à tour la place de Socrate et celle de son interlocuteur. Nous serons là uniquement pour guider les élèves (comme si nous allions nous aussi les faire accoucher) :
- il faudra par exemple choisir un interlocuteur, Calliclès, Gorgias, Polos, Alcibiade, Aristophane, Phèdre…
- reprendre avec les élèves ce que cet interlocuteur dit dans le texte de Platon.
- à partir de cela, réfléchir sur la manière dont Socrate, en croisant cet interlocuteur sur l’Agora pourrait l’interpeller
- comment réagirait l’autre, ce qu’il répondrait à Socrate
- les questions/ objections que Socrate lui ferait.
- ce que répondrait ou non l’interlocuteur

Afin que le travail soit vivant, on pourrait peut-être diviser la classe en deux, une partie «Socrate» et une partie «interlocuteur de Socrate», un élève représenterait chaque partie et «jouerait» le texte que lui dicteraient ses camarades. A chaque changement d’interlocuteur, on inverse les rôles dans la partition de la classe, et deux nouveaux élèves prennent le relais.

Il y a deux choses très importantes à toujours garder en tête :

- l’art dialectique de Socrate n’est pas qu’un théâtre des pensées et des âmes, c’est aussi un théâtre des corps ; la dialectique socratique produit des effets qui se traduisent dans les pensées et dans les paroles de l’interlocuteur mais qui sont également visibles physiquement : emportement, énervement, découragement, etc. Un entretien avec Socrate c’est une lutte ; l’interlocuteur l’abandonne-t-il en cours de route (comme c’est le cas dans les dialogues de Platon dits aporétiques tels que Lachès où la discussion est remise au lendemain) ? Ou bien essaie-t-il de suivre Socrate ? Accepte-t-il cet échange ?

- la maïeutique socratique peut continuer indéfiniment, et nous devons alors nous laisser emmener par elle, c’est elle qui va guider le travail, et non pas un schéma que nous aurions établi à l’avance. Puisque Socrate n’a rien écrit et qu’il a voulu que seule sa méthode lui survive, il peut en quelque sorte tout dire, devenir le porte-parole de toute culture et de toute société sans que cela soit pour autant illégitime. Ainsi, il sera important de ne pas enfermer les élèves dans le texte platonicien et de les laisser imaginer des liens avec l’actualité. Socrate était un improvisateur hors pair, son théâtre était un théâtre de rue, c’est dans ce sillage que nous devons marcher avec les élèves.»

 

 

Un écrit de Platon oralisé et réapproprié

Proposition faite et acceptée, Magalie est donc venue dans la classe pour mener ce travail d’improvisation inspiré de la dialectique socratique. Tous les jeudis matin nous commencions par pousser toutes les tables dans les coins de la salle de façon à ménager un grand espace. Nous débutions alors par un exercice de concentration : ronde silencieuse pendant laquelle les pressions transmises par les mains de chacun circulaient entre nous.
Puis des élèves volontaires se proposaient pour incarner Socrate, Aristophane, Agathon, Diotime et les autres personnages du Banquet. Ils improvisaient alors aidés par les autres élèves spectateurs.
Nous avons beaucoup ri lorsqu’il a été question des créatures à quatre bras et quatre jambes que nous formions avant d’avoir été coupés en deux par Zeus. Comment figurer théâtralement ces créatures ? Comment figurer la punition de Zeus ? Comment montrer que les chairs avaient été cicatrisées autour du nombril ?
Plus sérieusement nous avons réfléchi à la question du désir, de l’amour et du manque. Si je désire ce que je ne possède pas et qui me manque comment pourrais-je encore désirer ce que je possède et qui ne me manque plus ? Cela conduit-il à la lassitude ? Comment comprendre les liens entre le temps et le désir et qu’est-ce que cela veut dire lorsqu’il s’agit de l’être aimé ?

 

 

Retour à l’écriture

Esteban, Léa, Amélie, Donia, Amandine, Elodie, Hippolyte, Marek, aidés par les autres élèves de la classe, se sont tour à tour mis dans la peau de Socrate, Aristophane, Agathon, Diotime pour imaginer la tournure que prendrait aujourd'hui un dialogue entre ces personnages.

Note de En Chantier au lecteur :
Ce dialogue a été mis par écrit et, pour des raisons pratiques de mise en page, il est reproduit en annexe à la suite du présent article. Il serait dommage de ne pas en prendre connaissance dans le détail.

 

 
La représentation

Le 17 décembre la troupe d'étudiants est venue à Pontarlier pour interpréter une partie de ces dialogues imaginés par les élèves ainsi qu'un montage de textes extraits des oeuvres de Platon.
Acteurs, étudiants, élèves, adultes se sont d’abord retrouvés dans une grande salle pour boire un verre et déguster des pâtisseries sur fond de musique andalouse. Nous étions alors projetés sur un marché, lieu animé que l’on retrouve dans un très grand nombre de cultures. Un étudiant jouait le rôle de Socrate interpellant les spectateurs. Les élèves ont alors pris la parole en jouant les dialogues qu’ils avaient inventés.

Pour se faire une idée un peu plus précise on pourra consulter la vidéo déposée sur le site dans laquelle on peut voir un extrait de quelques minutes de cette première partie du spectacle.

Egalement sur le blog de Laurence Bouchet :

http://surlefil.over-blog.net/article-les-treteaux-de-socrate-et-l-andalousie-41182787.html

Le bilan

Le détour par l’improvisation théâtrale pour étudier le Banquet de Platon a permis, me semble-t-il, d’aborder ce texte d’une façon plus libre que lors d’un cours traditionnel. Les élèves ont fait l’expérience qu’ils pouvaient s’en emparer directement sans avoir pour cela besoin d’un maître explicateur.
Quelques jeunes filles de la classe très effacées, peu confiantes et très timides se sont investies lors des improvisations. Trois d’entre elles ainsi qu’un jeune homme qui participe déjà à un atelier théâtre ont participé à la représentation finale. L’une d’entre elle a gardé contact avec la troupe d’étudiants, elle souhaite faire du théâtre. Une autre s’est par la suite beaucoup plus investie dans ses travaux écrits.

Mais mieux vaut laisser la parole aux élèves eux-mêmes. Voici quelques-unes de leurs appréciations personnelles à l’issue de cette expérience :

«Cette expérience m’a permis d’avoir une autre approche de la philosophie et aussi de la pensée de Socrate qui était une pensée vivante. Mettre en scène la pensée socratique nous aide à la comprendre, cela la rend plus captivante. J’ai aimé cette façon d’étudier la philosophie et j’aimerais renouveler cette expérience.»  Laura

«La pièce de théâtre était géniale, grâce à la scène du marché on a une meilleure représentation du fonctionnement de Socrate. Interpeler le spectateur permet de mieux lui faire comprendre le «torpillage». La philosophie théâtralisée nous ouvre une nouvelle dimension dans la compréhension de la philosophie notamment de Socrate.»  Clément

«Le théâtre m’a permis de voir la philosophie sous un autre angle. J’ai beaucoup aimé l’ambiance des répétitions et participer à la pièce m’a permis de découvrir le théâtre, d’être sur scène. Je trouve que l’idée des spectateurs debout au milieu des acteurs donne vie à la pièce et la rend originale. Cette expérience a atténué ma peur de la scène. Je ferai peut-être du théâtre l’année prochaine.»  Elodie

 

 

Annexe

Voici le résultat de ce travail d'improvisation :

les dialogues écrits par les élèves :

La scène se passe dans une boîte de nuit.
Les personnages : un DJ, un barman, des danseurs parmi lesquels Aristophane et Socrate, puis Agathon, et Diotime.

Aristophane vient d’essayer d’aborder plusieurs femmes mais sans succès. Il s’adresse maintenant à Socrate.
                       
Aristophane se tournant vers Socrate. - ça nous change des banquets !

Socrate. - Oui

Aristophane. - T’as déjà été amoureux ?

Socrate. - Je te vois venir, tu veux qu’on aille dans un coin, c’est ça ?

Aristophane. - Mais non, ne te fais pas des idées, je cherche ma moitié voilà tout. T’aimes les filles ou les garçons ?

Socrate. - Parlons plutôt de toi. Ce qui me plairait ce serait de connaître ta façon de concevoir l’amour.

Aristophane. - Eh bien, l’amour consiste à retrouver sa moitié. Et là, je suis en train de chercher la mienne que je n’ai toujours pas rencontrée.

Socrate. - Trouver sa moitié ?

Aristophane. - Oui trouver sa moitié. Je t’explique. Il y a longtemps existaient des hommes à quatre jambes et quatre bras.

Aristophane saisit deux danseurs sur la piste et montre à Socrate comment les deux moitiés ne formaient qu’un seul être.

Socrate. - Mais pourquoi ne rencontre-t-on plus ces créatures?

Aristophane. - Ces hommes se croyaient tout permis, ils voulaient rivaliser avec les dieux et les défier. Zeus s’est fâché. Pour les punir, il les a coupés en deux et les a ainsi rendus plus faibles.

Socrate. - Mais c’est horrible. Comment a-t-il pu les couper ? Il devait y avoir du sang partout et des cicatrices.

Aristophane. - Non, Zeus qui a eu tout de même un peu pitié d’eux a fait les choses proprement. Après les avoir coupés par le milieu, il a réuni par un fil les chairs qui pendaient et a tiré dessus comme sur le cordon d’une bourse laissant une seule trace au milieu du corps, le nombril.

Socrate regarde les deux personnes d’un air interrogateur.

Socrate. - Mais on n’a pas le nombril dans le dos ?

Aristophane. - Zeus a tout prévu ! Il leur a tourné la tête de manière à ce qu’ils se rappellent leur faiblesse, leur infériorité par rapport aux dieux. C’est ainsi que les êtres humains savent qu’ils sont voués à rechercher leur moitié.

Socrate. - Tu veux dire qu’en regardant notre nombril, on tombe amoureux ? Mais comment on fait les bébés ? Parce que, selon toi, le matériel est dans le dos…

Aristophane. - Zeus n’a pas fait le travail à moitié : il a aussi ramené le matos par devant !

Socrate. - Je comprends, maintenant nous sommes des êtres coupés. Mais quel rapport avec l’amour ?

Aristophane. - Mais tu ne comprends donc pas ? L’amour c’est la recherche de cette moitié, de cette part de nous-mêmes à laquelle nous étions unis.

Socrate. - Mais à quoi reconnaît-on sa moitié lorsqu’on la rencontre ? Comment ferai-je pour la trouver parmi huit milliards d’individus ?

Socrate regarde parmi les danseurs et les personnes qui l’entourent si l’une d’elle lui ressemble.

Aristophane. - Non, pas la peine de rechercher comme ça. Quand tu rencontreras ta moitié tu ne pourras pas ne pas le savoir. Tu sentiras ton cœur battre plus fort. Cela vient de l’intérieur.

Socrate. - Mais dis-moi, avant d’être séparés, les hommes étaient-ils un ou deux ?

Aristophane. - Ils n’étaient qu’un.

Socrate. - Donc n’étant qu’un ils ne s’aimaient pas. Pour s’aimer ne faut-il pas être deux ?

Aristophane. - Heu… Heu… Les hommes ont toujours été deux, tu sais comme des siamois qui sont un tout en étant deux.

Socrate. - Tu sais que Zeus pourrait encore nous couper en deux si on défie de nouveau les dieux. Est-ce que tu te sens deux, toi ?

Aristophane. - Non.

Socrate. - Tu es donc d’accord pour dire que lorsqu’on est un, on ne s’aime pas.

Aristophane. - Oui, tout à fait.

Socrate. - Si tu cherches ta moitié, vous allez fusionner et donc n’être plus qu’un. Tu es toujours d’accord pour dire que lorsqu’on ne forme qu’un seul être, on ne s’aime pas ?

Aristophane. - Absolument.

Socrate. - Quel est l’intérêt de chercher sa moitié si, lorsqu’on la trouve, il n’y a plus d’amour ?

Aristophane. - Lorsqu’on trouve l’amour, c’est pour toujours !

Socrate. - Pourquoi ?

Aristophane. - On peut désirer quelque chose jusqu’à la fin de sa vie, désirer le garder.

Socrate. - Mais est-il possible qu’un homme ressente les mêmes sentiments toute sa vie pour une seule et même personne ?

Aristophane. - Regarde : la santé, tu peux la désirer toute ta vie ; de même, tu peux aimer et désirer la même personne toute ta vie, la moitié que tu as trouvée !

Socrate. - Tu ne peux pas comparer le désir de rester en bonne santé et celui d’aimer : tu ne peux pas te lasser d’être en bonne santé, alors que l’amour, lui, peut devenir lassant, routinier. La santé est un état et l’amour un sentiment, et les sentiments changent au cours de ta vie…

Aristophane. - Euh… Là, je ne vois pas comment je peux te contredire…

Agathon s’approchant. - Hé ! Depuis tout à l’heure je vous écoute parler et je pense que l’amour n’est pas du tout ce que vous dites. Je vais donc, moi, vous dire ce qu’il est : l’amour est beau et bon ; il apporte de bonnes choses, il rend beau. Mais on le sous-estime trop : on devrait lui élever des temples ! Il nous fait vivre, l’amour ; je pense Socrate qu’il est aussi important, bon et beau que la santé. Quand on est amoureux, on fait des choses incroyables, des choses qu’on ne fait pas habituellement ; on se sent puissant !

Socrate. - Je te félicite pour ton éloge, Agathon. Mais ce que je recherche avant tout c’est la vérité. Permets-moi alors de te poser quelques questions. Quand on est amoureux, est-on amoureux de quelqu’un ou de personne ? Je te donne un exemple : si tu es père, es-tu père de quelqu’un ou de personne ?

Agathon. - De quelqu’un.

Socrate. - Donc si tu es amoureux, tu es amoureux de quelqu’un ou de personne ?

Agathon. - De quelqu’un, forcément !

Socrate. - L’amour est donc amour de quelque chose, mais est-il amour de quelque chose que nous avons déjà ou que nous n’avons pas ? Par exemple, si tu désires acheter une voiture, c’est parce que tu l’as déjà, ou parce que tu ne l’as pas?

Agathon. - C’est parce que je ne l’ai pas.

Socrate. - Donc l’amour, si tu le désires, c’est que tu l’as ?

Agathon. - Euh… non, c’est que je ne l’ai pas.

Socrate. - Tu es donc d’accord pour dire que l’on ne peut désirer que ce qui nous manque ?

Agathon. - Oui…

Socrate. - Tu me disais bien que l’amour est beau ?

Agathon. - Tout à fait.

Socrate. - Mais tu as dit aussi que l’amour est la recherche de ce qu’on n’a pas ?

Agathon. - Oui, Socrate.

Socrate. - Donc, puisque l’amour recherche le beau, c’est que lui-même n’est pas beau, non ?

Agathon. - Ah bah là… j’avoue… tu me laisses sans voix.

Socrate. - Et le beau est comme le bon : le beau est bon et le bon est beau ; l’amour n’est donc ni beau, ni bon, mon cher Agathon.

Agathon. - Je ne suis pas de taille à rivaliser avec toi, Socrate. Mais je connais quelqu’un qui pourra nous dire ce qu’est l’amour. Il crie : Diotime !

Diotime s’approchant. - Qu’est-ce qui se passe ?

Agathon. - J’ai essayé de faire comprendre à Socrate ce qu’est l’amour, mais je n’y arrive pas. Tu peux lui expliquer ?

Socrate riant, à Agathon. - Est-ce que tu m’amènes ma moitié ?

Agathon. - Mais non, ce n’est pas ta moitié ! Elle possède des dons, c’est une sorte de voyante, elle pourra nous dire ce qu’est l’amour.

Diotime abordant Socrate. - Allons prendre un verre, cela va nous aider !

Ils s’installent au bar et commandent.

Diotime. - L’amour n’est certainement pas ce que tu crois, Socrate. L’amour nous rend pauvre parce que plus rien ne compte à nos yeux, sinon l’amour. Mais il rend riche aussi car c’est une ressource qui ne s’épuise jamais.

Socrate. - Si je comprends bien, l’amour est un mélange des deux, à la fois pauvre et riche.

Diotime. - C’est exactement cela.

Socrate. - Mais alors quels sont les bienfaits de l’amour ?

Diotime. - L’amour nous permet de passer de la beauté sensible à la beauté spirituelle.

Socrate. - Que veux-tu dire là ?

Diotime. - Imagine que ce soir tu tombes amoureux de quelqu’un : tu vas d’abord l’aimer pour son apparence, puis tu vas chercher à connaître sa personnalité et alors tu l’aimeras peut-être pour sa beauté intérieure. Au fond, Socrate, que cherche l’amour ? Tout simplement une beauté infinie qui nous met dans un état d’extase, une sorte d’état second qui nous transporte hors de nos limites.

Socrate. - Merci Diotime ! Buvons à l’amour !

Diotime. - Et à toutes les choses que l’amour nous permet de créer !

Ils trinquent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org" class="moz-txt-link-abbreviated mailto">bt[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!bt[arobase]icem-freinet.org" class="moz-txt-link-abbreviated mailto">

 

 

Fichier attachéTaille
Version imprimable PDF: lire-écrire en philosophie Platon-Socrate384.85 Ko

En Chantier n°13, mars 2010, Recherche documentaire et copié-collé : Où en est-on ?

Recherche documentaire et copié-collé
Où en est-on ?

Les enseignants déplorent volontiers le recours par les élèves à du copier-coller lors de recherches documentaires sur internet. Et pourquoi le déplorer forcément ?

Quelques points de vue sur le sujet.  

 

Jacques Brunet, professeur de français retraité :
Grâce à tout moteur de recherche, tous les copiés-collés sont décelables en quelques clics.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Patricia Quinsac, professeur de français, lycée du Mirail, Toulouse :
J’avoue que je me sers de Google pour vérifier l’authenticité douteuse de certaines phrases trouvées dans des travaux d’élèves ou même des TPE. Cela me désole et je me demande bien où ça cloche pour qu'il y ait cette tentation permanente de présenter comme sienne la pensée de quelqu’un d’autre...

 

 

Jacques Brunet :

Si j'avais eu Google de mon temps, il me semble que je l'aurais utilisé AVEC les élèves, de façon ludique si possible, pour désamorcer le problème. Et puis retrouver l'auteur oublié d'une citation, c'est formidable. Et retrouver où un prof a pompé son cours magistral, quelle joie ! Tout cela est à relativiser. La création ne part jamais de rien.
Le collégien Rimbaud a plagié Sully Prudhomme : dans le BO de l'Académie de Douai (15 avril 1870), paraissait une traduction de l'Invocation à Vénus (début du De rerum natura de Lucrèce), sous la signature de A. Rimbaud, externe au collège de Charleville, entièrement pompée sur une traduction récente de Sully Prudhomme, mais améliorée par "d'excellentes corrections", souligne l'édition de la Pléiade..
Sans parler de plagiat, il y a les souvenirs, les allusions. Ce que les linguistes actuels appellent l'intertextualité, je crois. De quoi bien s'amuser. Merci Google.

 

 

Gérard Clabé, professeur d’histoire-géographie, lycée Elie Faure, Lormont :


Ce que je vois c’est que le réflexe de chercher sur internet s’est imposé mais qu’il n’induit plus forcément des «copiés-collés» comme si l’aspect «magique», «service clé en main» était dépassé. Je crois que les élèves utilisent désormais la recherche sur internet avec plus de vigilance, en tous les cas ils reconnaissent assez facilement désormais qu’une recherche ça ne peut pas être seulement du «copié-collé». Pour le dire autrement, je crois que l’utilisation de l’internet par les élèves s’est banalisée, que l’outil est cerné, avec ses qualités et ses défauts. Du coup les exigences pédagogiques ne sont plus autant écrasées par la technique et l’aveuglement que produit assez souvent la «modernité».

 

 

Jacques Brunet :

J'apprécie l'obligation faite aux élèves de citer les sources et références dans leur TPE. Quant à l'utilisation des guillemets pour les citations, j'ai constaté qu'elle progresse.

 

 

Voilà quelques réflexions pour interroger notre position à l’égard du copié-collé.
Qu’en pensez-vous ?


Vous pouvez nous écrire à Lucien.Buessler[arobase]wanadoo.fr ou patricia.q[arobase]free.fr

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org">btn[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!

 

 

 

Fichier attachéTaille
Version imprimable PDF En Chantier 13_copier-coller75.54 Ko

En Chantier n°13, Mars 2010, Visite du site/musée gallo-romain d'Argentomagus

Visite du site/musée gallo-romain d'Argentomagus
à Saint-Marcel (département de l’Indre)

par les troisièmes latinistes du collège Philippe de Commynes de Tours
année scolaire 2009-2010
professeur : Hélène Pico

Sommaire
- les travaux préparatoires à la visite puis la visite elle-même
ont donné lieu à trois comptes-rendus :
- les maisons gallo-romaines
- la fontaine d’Argentomagus
- la nécropole
- les élèves s’expriment sur la méthode de travail
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Pour ce projet, nous avons d'abord travaillé tous ensemble en désignant un animateur de groupe et un maître du temps par séance. Le rôle du premier de groupe était d'animer l'heure sans l'aide du professeur, celui du maître du temps était de planifier la séance. Au début de chaque cours nous mettions en commun le travail fait la veille, puis nous nous mettions par groupe de deux ou trois élèves selon notre thème (maisons, fontaine, nécropole) pour écrire notre article qui était fondé sur les notes que nous avions prises lors de notre visite au musée d'Argentomagus à Saint Marcel (36). Lors des dernières séances, nous avons tapé nos textes sur l'ordinateur pour les mettre plus tard en ligne sur le site de l'ICEM.

      Voici maintenant le résultat du travail réalisé pendant ces séances.

Les maisons gallo-romaines

      A l'époque gallo-romaine certaines maisons parmi les plus riches étaient chauffées avec la même technique que dans les thermes : les Romains faisaient brûler du bois dans un four situé sous un appentis à côté de la maison. Entre les fondations et le sol de la maison existait un espace libre (salle hypocauste) où se trouvaient suffisamment de petites colonnes de briques empilées pour soutenir le plancher. L’air chauffé dans le four circulait entre le les pilettes et chauffait ainsi l’habitation.

      Dans les maisons les plus pauvres les habitants se réchauffaient la nuit avec leurs animaux de compagnie qui dormaient sur eux (on a retrouvé des peintures représentant des enfants qui dormaient avec leur chat sur le ventre).

      On utilisait beaucoup de poteries dans les cuisines. Dans le musée que nous avons visité il y en avait de toutes sortes, gauloises ou romaines. Les céramiques étaient de différentes couleurs, des noires, des blanches et des rougeâtres. Pour obtenir la couleur noire on les faisait cuire puis on rajoutait de la fougère dans le four et la fumée noircissait la terre. Les Romains avaient aussi des objets en verre tels que les pichets. Dans la salle à proximité de la cuisine se trouvait un foyer permettant de faire cuire de la nourriture dans des céramiques appelées «diables».

     Les aliments de l'époque étaient principalement du cochon, du poulet, du canard, de l'oie, du boeuf et peut être du chien (on a retrouvé des os de chien fracturés).

      Les fruits et les légumes qu'ils mangeaient étaient surtout des pommes, des poires, des figues, des navets, des fèves, du raisin, des noisettes et des noix.

 

Lisa, Camille et Pauline ont réalisé la partie sur les maisons- novembre 2009.


ce dessin montre la manière dont les riches habitations étaient chauffées

La fontaine d'Argentomagus

      Les fontaines dans l'Empire Romain étaient situées dans le centre-ville, à proximité du forum. Par conséquent, c'était un lieu de passage et de rencontre.

      A Argentomagus, la fontaine n'échappe pas à la règle. L'eau était puisée dans une source, puis acheminée à la fontaine par un réseau de canalisations en pente, ce qui explique que la fontaine est en dessous du niveau du sol. Les gens y accédaient grâce à des escaliers de pierre. Quatre piliers délimitaient le bassin d'eau et soutenaient un toit de tuiles rouges.

       Cette eau était parfaitement saine. Elle servait à tous les aspects de la vie quotidienne comme la toilette ou la cuisine.
       A la fontaine on se retrouvait pour discuter et se distraire à côté de l'eau.
       Plus tard, la fontaine fut ensablée et les habitants de la ville ne sont pas venus déblayer. Les pierres de la fontaine qui dépassaient du sol étaient enlevées pour construire d'autres maisons.
      La terre de la région est favorable à la conservation des monuments de par sa composition minérale, ce qui explique qu'on l'ait retrouvée presque dans son état d'origine.
       Actuellement elle a été rénovée.

 

Ce travail a été réalisé par Romain et Olivier en classe de latin avec Mme PICO.
Nous avons réalisé cet article sur feuille, puis nous l'avons amélioré sur l'ordinateur en novembre 2009.

La nécropole

      A l'époque gallo-romaine, lorsqu'un individu décédait, un cortège funéraire était organisé. Son organisation obéissait à une hiérarchie précise : derrière le cercueil, il y avait les pleureuses, payées pour attirer la clémence des dieux par des cris, des pleurs et des mimes (elles se griffaient le visage). Celles-ci étaient suivies de la famille, des proches et des amis. Le cortège était plus ou moins impressionnant selon la richesse du mort.

      L'incinération des morts durait plusieurs heures.
      Leurs cendres étaient déposées dans des urnes en poterie qui elles-mêmes étaient enterrées avec des statuettes de dieux, destinées à protéger l'esprit des morts.

      Les enfants n'ayant pas encore leurs dents n'étaient pas incinérés, ils étaient simplement inhumés. A côté de leur corps, des biberons et d'autres objets appartenant à l'enfant étaient déposés. La qualité de la terre dans cette nécropole a permis une excellente conservation des os.


Marie et Xavier ont réalisé la partie sur la nécropole- novembre 2009

Voici quelques compléments et appréciations des élèves
sur notre façon de travailler


«Un mois avant la sortie à Saint-Marcel, Argentomagus à l’époque gallo-romaine, nous avons recherché sur le site web www.argentomagus.com, des renseignements sur le musée et son environnement, pendant plusieurs séances (3 à 4). Chaque élève a pris un sujet qui l'intéressait pour l'exposer aux autres et pour se faire une base de recherche pendant la visite. A la fin de la sortie, nous avons mis en commun et complété les recherches des autres pour nous en faire un petit dossier. Nos recherches nous ont permis de nous repérer, de savoir à quoi s'attendre et d'orienter nos travaux et notre visite.» (Marie)

«Avant notre voyage à Argentomagus, nous avions préparé chacun un petit carnet, avec des notes prises sur le site du musée. Mais je pense que le fait d'avoir pris ces quelques notes à l'avance, ne nous a pas vraiment servi, car nous connaissions déjà la plupart des choses avant & nous n'avions pas beaucoup de questions à poser au cours de la visite. D'autre part, c'était peut être une bonne chose pour nous de savoir à l'avance le sujet de notre visite au musée mais nous n'aurions pas dû autant approfondir nos recherches.» (Pauline)

Le point de vue de Camille :

«Le site d'Argentomagus nous a apporté des renseignements sur le vie des Romains (leurs activités quotidiennes, leurs métiers , leurs passe-temps). Mais nous connaissions déjà la plupart des informations prises sur le site internet donc nous avions ces connaissances en arrivant musée.» (Camille)

Ce que Romain dit des recherches préalables
«Environ un mois avant la visite du musée, nous sommes allés sur le site internet du musée. Nous avons recherché des informations qui pourraient nous renseigner sur les objets et les thèmes du musée.
Quelque temps après nous avons visité le musée pour découvrir le site archéologique dans ses plus petits détails qui n'étaient pas décrits sur le site. »

Xavier :
«Afin d'avoir un premier aperçu du musée d'Argentomagus, nous sommes allés voir le site internet du musée. Le site comprenait différentes parties expliquant tous les endroits du musée. Nous nous sommes répartis ces différentes parties et chaque groupe a travaillé sur une ou plusieurs parties. Ce travail consistait à prendre des notes, à recueillir le maximum d'informations. Nous avons mis ces informations dans un dossier que nous avons emporté au musée pour pouvoir le compléter au fur et à mesure de la visite. Pour finir, nous avons fait une synthèse des deux visites afin de regrouper le plus d'informations possible.»

Ce qu’en dit Olivier :
«Les recherches ont été utiles, mais elles nous ont gâché l'effet de surprise. Nous nous sommes un peu ennuyés durant la visite car nous connaissions déjà la plupart des renseignements.»

Et l'avis de Tanguy :
«Le site web nous a permis d'avoir une idée sur l'intérêt de visiter le site réel. Il nous a aussi permis de savoir les thèmes exacts que nous allions étudier.»

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org" class="moz-txt-link-abbreviated mailto">bt[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!

Fichier attachéTaille
Version imprimable PDF-En Chantier 13 Visite site Argentomagus346.2 Ko

En Chantier n°13, mars 2010, Une classe "journalisme"

Une classe «journalisme»
au lycée Elie Faure de Lormont en Gironde

participer à des publications écrites ou sonores
pour découvrir les exigences de la diffusion d'informations

        Depuis trois ans, une équipe composée de professeurs d’histoire-géo, langues, lettres… ainsi que d’une documentaliste et d’une CPE, de façon ponctuelle, anime dans l’établissement une «classe journalisme» en seconde et en première.
       Nous travaillons en partenariat avec l’Echo des collines, le magazine mensuel de la rive droite pour le support papier et avec O2 radio, la radio associative des Hauts de Garonne, pour le support audio (en lien également avec le club radio du lycée).
       Les élèves de ces deux classes sont organisés en «comités de rédaction» (groupes de 7 ou 8) animés par un «rédacteur en chef», ils écrivent des textes, font des lectures collectives, les critiquent, les sélectionnent, les transforment en articles (gros titres, sous- et surtitres, intertitres, chapôs, illustrations...) Les sujets sont très divers, ils portent sur leur quotidien de lycéen, sur l’actualité (internationale, nationale ou locale), sur des spectacles (ciné, musique...) qu’ils ont vus, des livres qu’ils ont lus, des sorties que le lycée propose dans le cadre de «L’école du spectateur» (théâtre, danse, cirque...) ou de «Lycéens au cinéma», sur la vie du lycée (journée sida, conférences, accueils d’intervenants, carnaval...)
       La sélection mensuelle est diffusée tous les mois dans l’Echo des collines. Certains de ces articles deviennent des reportages audio courts de 3 mn diffusés sur O2 radio.


 
Gérard CLABE

 

Voici un article publié par trois lycéens de cette classe
dans Echo des collines (numéro 124, février 2010)

 

La burqa en France
La burqa est un vêtement traditionnel des femmes musulmanes. Il s’agit d’un voile fixé sur la tête, la couvrant entièrement, avec une fente permettant de voir. Il est porté avec un hijab couvrant le corps. Pour certains, le port du voile est un symbole de liberté tandis que pour d'autres, il s'agit d'un signe de soumission. Depuis quelques années, le port du voile dans les lieux publics est sujet à une polémique qui divise les sociétés modernes, laïques, en particulier la société française.


Même dans la rue
visage voilé, dessinActuellement, en France, comme nous le savons, se prépare une loi sur le sujet. Il est question d’interdire le port de la burqa même dans la rue. Le port du voile suscite de nombreuses interrogations car il existe une forte communauté de musulmans qui tient à faire respecter sa religion même au delà des frontières d'origine. Dans le même temps, dans une société laïque, les signes religieux visibles ne sont pas admis dans les lieux publics, dans les établissements scolaires par exemple. Malgré les débats, la Cour Européenne des Droits de l'Homme a jugé que la loi française sur les signes religieux dans les écoles publiques n'est pas contraire à la liberté religieuse et au droit à l'instruction.

Une partie de la population française, dont nous faisons partie, estime pourtant que le port du voile, même au nom de la république laïque française, ne doit pas faire l’objet d’une loi et d’un interdit.

 

Zeinab, Sophia, Hulya

 


 

Cet article a suscité la réaction que voici

(courrier des lecteurs dans le numéro 125, mars 2010)

 

à Zeinab, Sophia et Hulya, journalistes en herbe,

Certes le débat actuel sur la «burqua» est on ne peut plus confus dans les médias mais votre article, hélas, ne permet pas de le clarifier, même s’il a le mérite de poser le problème du point de vue musulman.
Vous affirmez dès la première phrase que la «burqua est un vêtement traditionnel des femmes musulmanes» sans indiquer que ce terme est ici improprement utilisé pour parler du voile intégral. La burqua voile bleu grillagé à hauteur des yeux est le vêtement des femmes afghanes et de quelques pakistanaises. Plus loin vous indiquez que cette burqua est portée avec un hijab, sans définir ce terme. Or s’il s’agit ici du voile traditionnel qui couvre la femme des pieds à la tête, cela semble un tour de force pour la musulmane de porter les deux à la fois. Enfin vous n’indiquez pas que le voile intégral souvent noir qui cache le bas du visage est une tradition des pays du Golfe. Il est donc un vêtement traditionnel des musulmanes dans certains pays. Voilà ce que vous auriez dû dire.
Votre article passe ensuite sans transition au problème du voile à l’école. Vous avez le mérite de reconnaître que la loi sur les signes religieux a été validée par la Cour européenne des droits de l’homme mais vous terminez votre article en disant que «le port du voile, même au nom de la république laïque ne doit pas faire l’objet d’une loi et d’un interdit». Mais de quel voile parlez-vous ?
Pourtant, cette république laïque que vous semblez admettre du bout des lèvres permet à tous les musulmans de pouvoir pratiquer librement leur culte. Si le catholicisme était resté en France, la religion d’Etat comme avant la Révolution Française, l’islam aurait été une religion persécutée comme l’a été le protestantisme sous Louis XIV.


H.D.


Commentaire de Jacques Brunet :

Ce qui nous a paru intéressant ici :

- les élèves abordent des sujets que nous hésitons à traiter en tant qu'adultes (autocensure, timidité...)

- les divers relecteurs n'ont pas fait leur travail de vérification de l'information (comité de rédaction des élèves, profs de l'équipe "classe journaliste", comité de rédaction de l'Echo des Collines...), explicables par le manque de temps, la bousculade des bouclages au dernier moment (date impérative) ;

- cela a suscité un "courrier des lecteurs" bien informé.

Vrai cas d'école dont nous rediscuterons lors des rencontres prochaines (avec peut-être des journalistes professionnels).

 

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org">bt[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!

Fichier attachéTaille
Version imprimable PDF-En Chantier 13 Classe journalisme109.11 Ko

En Chantier n°13, mars 2010, Faire planter un jardin à des élèves de 6ème

Faire planter un jardin à des élèves de 6ème

dans le contexte de l'initiation à la recherche documentaire
Difficultés rencontrées

Témoignage d’Hélène DUVIALARD, professeur documentaliste et d’Hélène PICO, professeur de lettres classiques, du Collège Philippe de Commynes à Tours

 

 

Une vieille habitude du Collège

       Dans notre collège du bord de ville à Tours, toutes les classes de 6ème bénéficient d'une heure d'initiation à la recherche documentaire, séances menées par la documentaliste et un collègue d'une autre discipline. Les élèves apprennent à trouver des informations pour réaliser des productions dont ils choisissent les thèmes ou les supports.
     

 

Crocus      Cette année, la collègue de lettres classiques, Hélène Pico, et moi-même, documentaliste, avons reçu la charge de la 6C et avons derrière la tête l'envie de faire faire un jardin aux élèves... Il nous semble en effet important de démontrer que les méthodes de recherche documentaire acquises à l'école servent à bien d'autres choses que les devoirs.
      
 

      Le gestionnaire nous propose un terrain dans le collège et contacte une association pour labourer la terre qui est trop dure afin que des élèves puissent y planter une bêche, demande aux agents de fermer le jardin pour éviter qu'il soit piétiné par les autres élèves. Cela prend du temps, nous n'avons encore aucune certitude de délais et ne disons rien aux enfants tant que nous ne disposons pas de dates précises.

Un jardin rien que pour nous !

       Après une prise de connaissance entre les enseignants et les élèves, une première familiarisation avec le CDI, le rangement, la signalisation, les sources, l'utilisation du logiciel documentaire et d'internet... Le temps que le terrain, jamais utilisé, soit bêché et clôturé on était aux vacances de la Toussaint et il était grand temps de commander les plantes.
       Avant les vacances, nous avons enfin pu annoncer la grande nouvelle aux élèves ; ils allaient réaliser un jardin ! Et ils choisiraient ce qu'ils y planteraient !
      Nous leur proposons donc d'acquérir des savoirs documentaires en réalisant un jardin.  Enthousiasme dans toute la classe !

 

Travaux d'automne

        Il faut faire vite pour chercher ce qu'on va y planter ou semer.Rose
       On prévoit de dessiner le plan du jardin et de décider des plantations qu'on y fera : comment va-t-on s'y prendre ?. Les élèves s'engagent à apporter des décamètres. La semaine suivante, ils apportent des instruments de mesure plus ou moins adaptés : ficelle, mètre de couturière ou de menuisier, et essaient par groupes de deux de mesurer les dimensions du jardin pour aboutir à un plan à l'échelle.
        Retour en classe pour dessiner le plan dans une joyeuse pagaille.
       Des projets en tous genres sont dessinés : jardin à la Française, avec bassins, certains envisagent d'élever des poules, de semer des végétaux exotiques
       Après discussion et retour à la raison (la Touraine est tempérée et humide) les élèves se sont décidés pour un jardin de fleurs, fruits, légumes et herbes aromatiques.
       Pour la plantation d'hiver, nous avons mis en terre des framboisiers, groseilliers, du thym, de l'ail, de la ciboulette, des bulbes de crocus, tulipes. Il a aussi fallu planter les étiquettes.
…/…

Travaux documentaires d'hiver

       Pendant que le jardin dort sous sa couette de neige, il faut en profiter pour faire acquérir des savoirs documentaires aux élèves.
       A la demande générale, le choix des supports est adopté : les élèves réaliseront des émissions de radio que nous mettrons en ligne sur le blog des 6èmes :

http://lewebpedagogique.com/cherchetrouve/2010/01/15/tout-sur-notre-jardin-par-les-6c/


       Après les séances de recherche d'idées, chacun se retrouve avec un sujet modeste : l'ail, le Cornichondahlia pompon, le cornichon, le radis... Comme les élèves préfèrent travailler par deux, nous nous retrouvons avec des dialogues entre la rose et la fraise, deux voisines devisant à propos de leurs dahlias pompons... Il faut faire preuve d'imagination et de distance pour que les informations passent sans que l'émission soit ridicule. Il s'agit de fictions documentaires où tout est permis pourvu que les informations données soient vraies et organisées de façon compréhensible. Le travail de recherche documentaire se lance, nous avons acheté de nombreux livres et les élèves peuvent y trouver toutes les informations nécessaires. En théorie, parce qu'en pratique, c'est une autre affaire : assis devant la page sur la façon de planter des pommes de terre, Zinédine est comme tétanisé … prendre des notes ! Ouh là là … nous l'aidons toutes les deux successivement, lui demandant de se poser des questions pratiques mais rien ne semble faire sens et il n'est pas le seul dans son cas.

 
Une rencontre électronique

       Abonnée à la liste Freinet second degré, je tombe sur un message de Mylène Vézina, professeur de SVT qui réalise un jardin biologique avec ses 6èmes ; je lui propose une correspondance entre nos élèves. Elle accepte.
       Pour faire connaissance avec nos correspondants, nous réalisons une première émission de radio où les élèves présentent leur travail et leur organisation, nous la publions sur le site et prévenons nos correspondants pour faire connaissance.

      On essaie de mettre les élèves au travail

      Vu comme ça, tout a l'air de bien fonctionner... seulement à peine une moitié de la classe travaille, les séances de jardinage dégénèrent en bataille d'eau, des garçons dessinent des petits légumes qui se battent en duel au lieu d'écrire leur émission et ceci obstinément  le niveau sonore de la classe atteint des sommets insupportables et les élèves sont contents !
      A 28 dans un CDI avec une douzaine de tâches différentes, le travail n'est pas habituel pour les enfants et il leur demande sans doute une autonomie et une écoute qu'ils n'ont pas. Plus grave peut-être, une dizaine d'entre eux semblent ne pas bien savoir qui ils sont ni ce qu'ils désirent. Même s'ils ont bien envie de réaliser ce jardin, d'enregistrer leurs émissions, d'exposer de beaux panneaux, ils ne savent pas se mettre au travail. Nous les accompagnons le plus possible, sans résultats notables.

On attend le printemps

 Fleurs de pomme-de-terre     Mars, il fait très froid, le printemps tarde à venir. Il faut cependant penser à semer et les élèves ont pour mission de chercher des plantes dont ils pourront profiter avant fin juin... sinon, nous nous contenterons de ce qui est déjà en terre. Nous espérons que la pression du calendrier va leur faire un rappel à la réalité.

On attend le facteur

      Les vacances de nos correspondants ne coïncidant pas avec nous, la communication n'est pas simple. Nous avons écrit aux autres élèves jardiniers et aimerions bien avoir de leurs nouvelles. L'échange de mails motive bien un petit groupe d 'élèves.

                                                                       

 

Conclusion provisoire

      Nous hésitions pour cette 6C entre 6ème Carottes ou le plus souvent 6ème Cornichons. Et si à force de travail patient, elle devenait la 6ème Chou ! On peut rêver et continuer !

A suivre donc !

Ecrit par Hélène Duvialard et relu et approuvé par Hélène Pico

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trois messages électroniques envoyés aux correspondants “jardinage” :

Correspondance potagère

A Rauzan et à Tours, des collégiens s’occupent d’un jardin.
Une correspondance démarre, par mail.

Le 22 janvier 2010

Bonjour,
Nous sommes deux élèves de la classe de 6ème C du collège Philippe de Commynes à Tours. Nous proposons aux élèves de votre 6ème «jardin» de faire une correspondance avec nous.
Nous avons un projet jardin, Nous avons déjà planté en novembre des oignons, des framboises, des cassis, de l'ail, des tulipes, des crocus, etc et puis il a neigé et notre jardin se repose. Pendant ce temps-là, nous préparons des émissions de radio documentaires sur notre projet.
Voici notre blog et à cette adresse, vous pourrez faire des commentaires sur la première émission de radio que nous avons enregistrée :
http://lewebpedagogique.com/cherchetrouve/2010/01/15/tout-sur-notre-jard...
vous pouvez même l'enregistrer sur vos baladeurs.
Et vous quel est votre projet ?
A bientôt .
On attend de vos nouvelles avec impatience.
Julie et Pauline


Le 5 mars 2010

Bonjour à tous,
Nous venons de publier un article sur notre blog :
http://lewebpedagogique.com/cherchetrouve/2010/03/05/dernieres-nouvelles...
Nous avons fait une émission radio sur la généralisation de notre jardin, elle est sur notre blog.
Nous faisons un jardin "tutti frutti" (jardin de fleurs et de légumes).
Nous avons planté des tulipes, du thym, des fruits et des fleurs.
Notre travail, c'est aussi de la recherche documentaire, nous faisons des émissions de radio documentaires que vous retrouverez bientôt sur notre blog : c'est par exemple pour Julie, la rose, le crocus ou l’interview d'une carotte ! Vous pourrez l’écouter bientôt.
Julie et Pauline


Le 19 mars 2010

Bonjour à tous et à toutes,
Alors pour le jardin, quelques plantes sont mortes ! En plus ce sont principalement les framboisiers ainsi que les cassissiers. Pour tout vous dire, nous nous sommes fait gronder par madame Duvialard, notre prof de technique doc. Nos émissions de radio et affiches avancent mais nous avons quand même un peu de retard, cela agace beaucoup madame Duvialard. Nous cherchons encore de quoi planter pour pouvoir déguster nos récoltes en juin. Si vous avez des idées vous pourriez nous en proposer ? Merci d'avance à vous .
Il y a de nouveaux articles sur notre blog ainsi que sur notre radio ! Allez voir, ce sont des interviews de quelques élèves . http://lewebpedagogique.com/cherchetrouve/2010/03/
A bientôt , Les élèves de 6C, Julie et Pauline

 

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org" class="moz-txt-link-abbreviated mailto">bt[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!

Fichier attachéTaille
Version imprimable PDF-En Chantier 13 Jardin à Tours79 Ko

En Chantier n°13, mars 2010, Enquêter sur l'école

Enquêter sur l’école
et en rendre compte dans le journal de classe

La classe de 5e C du collège Jacques Ellul à Bordeaux publie depuis deux ans un journal de classe : Big Boss.

Dans En Chantier n°9, Catherine Mazurie expliquait comment s’élabore ce journal.
Dans En Chantier n°10, vous avez retrouvé des écrits documentaires réalisés à partir du vécu des élèves.

Dans le présent numéro d’En Chantier , les textes extraits de Big Boss que nous vous proposons
parlent de l’école. De la recherche de données statistiques à des témoignages
familiaux ou à des interviews, ces extraits témoignent de la diversité des écrits documentaires.

 

Sommaire des extraits du journal de la classe :

Enquête statistique au sein de la classe
Recueil de témoignages
Articles informatifs sur l’école

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nos droits
La situation des mères de la classe

       Dans certains pays, les femmes n’ont pas le droit d’exercer un métier, de s’habiller comme elles veulent, de décider avec qui se marier, de sortir quand elles veulent. Et dans la classe de 5èmeC ? Ali a enquêté.

       Dans la classe, les mères qui exercent un métier sont majoritaires : sur quatorze élèves interrogés, six mamans seulement ne travaillent pas à l’extérieur. Mais parmi elles, deux sont en congé de maternité et vont reprendre leur travail après la naissance du bébé. Selon leurs enfants, ces mamans ne travaillent pas parce qu’elles ont une famille dont elles s’occupent (de deux à cinq enfants) et leurs enfants sont petits ; parfois aussi, c’est parce qu’elles ne parlent pas français.
       Les métiers exercés par les huit autres mamans sont très différents : femme de ménage, chauffeur livreur, cuisinière, aide-soignante, psychologue, magasinière, expert en projet européen…
       Toutes les personnes qui travaillent le font pour gagner leur vie et nourrir leur famille, notamment l’une d’entre elles dont le mari a eu un accident du travail. Mais deux, selon leurs enfants, disent aussi qu’elles aiment leur métier.
Enquête réalisée par Ali, compte-rendu de la classe

 

L’école gratuite ou payante


L’école gratuite grâce aux impôts

       J'ai le droit d'accéder à l'école gratuitement en France. Car depuis 1905, l'école est gratuite en France. Pas exactement, car nos parents paient des impôts et les impôts paient l'école. Mais tout le monde ne paie pas la même somme : c'est en fonction des moyens de chacun. C'est cela qui nous rend tous égaux par rapport au prix de l'école.

L’inégalité devant le prix de l’école

       Aux Etats-Unis, certaines écoles sont payantes. Ce qui se passe, c’est que les pauvres vont dans les écoles publiques. Un simple geste de l’Etat américain et tout le monde pourrait avoir une bonne éducation gratuite avec un enseignement de qualité. Tout le monde a droit à une éducation identique.
       Même si en tant que collégiens, parfois nous en avons assez de l'école, nous nous rendons compte quand même que nous avons de la chance.

Thomas

L’école autrefois
Comment était l’école de nos parents ? Quelques élèves de la classe témoignent.

La non mixité a existé

       En France, les écoles mixtes ne sont arrivées qu’à la fin du XXème siècle. Mon père m’a dit qu’à Salleboeuf, en 1971, son école primaire avait encore deux cours de récréation : un côté fille et un côté garçon. Il n’y a pas de raison que les filles et les garçons soient séparés.
Thomas

 

Années 1950 : l'éducation dans un orphelinat

       Mon père a été abandonné quand il était enfant, en France, dans les années 1950. Il a été placé dans un orphelinat. Il a été éduqué par des religieuses catholiques très strictes et, selon son témoignage, méchantes.
       L'hiver, alors qu'il faisait très froid, les religieuses faisaient prendre des douches glacées aux enfants. La nourriture n'était vraiment pas bonne.
       C'est quand même difficile d'être un enfant épanoui quand personne ne nous aime et qu'on n'a personne à aimer. Heureusement, il y en a qui sont courageux et s'en sortent parce qu'ils n'abandonnent jamais. Mon père a réussi à avoir un beau métier et a les moyens qu'il faut pour m'éduquer et m'emmener en vacances.
       Maintenant, ce qu'il souhaite, c'est que moi aussi, je m'en sorte à l'école.
Aurélien


L’école en Algérie, au temps de ma mère

       Ma mère a été éduquée en Algérie par des religieuses qui lui ont enseigné le français, et des Algériennes qui lui ont appris l’arabe. Elle avait un professeur égyptien qui battait les élèves quand ils faisaient des bêtises ou quand elle était énervée.
       L’école n’était pas obligatoire.
Walid

 

L’école à Mayotte en 1980

       Avant, dans mon pays natal, à Mayotte, l'école n'était pas gratuite. Le village où ma mère habitait était très loin de l'école, à environ un kilomètre. Le bus passait une fois par heure et ma mère était obligée de se réveiller à six heures du matin pour ne pas arriver en retard. Ceux qui étaient en retard avaient un châtiment : ils tendaient leurs doigts et ils recevaient un coup de bâton.
       Les professeurs étaient très sévères quand ma mère était jeune. Elle m’a dit qu’il n’y avait pas de récréation car si un ou plusieurs enfants faisaient des bêtises, c’était toute la classe qui était punie et qui n’avait pas de récréation. C’est pour cela que ma mère n’aimait pas l’école.
       Maintenant, au XXIème siècle, en France et à Mayotte, tout a changé et c’est beaucoup mieux qu’avant.
Mohamed

 

L’école à St Pétersbourg

       Madame Allalcha enseigne les maths au collège Jacques Ellul. Elle a passé sa jeunesse à Saint-Pétersbourg en Russie. Trois élèves l’ont questionnée sur l'école de cette époque.

Où est Saint-Pétersbourg ?
       Saint-Pétersbourg se situe au nord-ouest de la Russie, sur le delta de la Neva dans la mer Baltique.
       A cette époque, la ville s’appelait Léningrad. On était en pleine guerre froide.
L’organisation
       L’école était mixte, laïque et gratuite. Elle commençait à sept ans. Les horaires n’étaient pas les mêmes que chez nous : cela commençait à 9 heures et finissait à 13h. Il y avait cours le samedi. Les notes étaient sur cinq et pas sur vingt.
       En EPS, on changeait de sport à chaque saison : comme il neige beaucoup l’hiver, on faisait du ski en cours d’EPS.
Le parcours de Mme Allalcha
       Mme Allalcha travaillait bien et elle aimait toutes les matières. L’école ne lui paraissait pas difficile. Après le collège, elle est partie en France pour faire ses études. Elle a étudié la mécanique car elle voulait découvrir comment certaines machines fonctionnaient. Ensuite elle a fait des études de mathématiques et de physique-chimie.
       Mme Allalcha garde un bon souvenir de cette école. Elle dit que tous les métiers étaient possibles pour tous, notamment les filles.


Serhat , Younès et Alicia

Ce que nous apprenons à l’école
Témoignages

Ils n’aiment pas…

- Je n’aime pas l’école parce qu’il faut y aller tous les jours et que c’est obligatoire.Toute la journée, on doit travailler et quand on rentre, on doit faire nos devoirs.
Je n’aime pas l’école parce que je dois écrire. La seule chose que j’aime, c’est quand ça sonne et qu’on sort de la salle.
(Marina)

- Je n’aime pas me réveiller tous les matins très tôt, c’est énervant. Parfois, j’ai l’impression qu’on nous prend pour des robots. (Aurélien)

- Je n’aime pas la foudre des devoirs qui tombe sur mon bureau en fin de soirée. (Thomas)

- On n’est pas des ânes ni des Einsteins ! (Michel)

 

 

Le soir après les cours

Le soir après les cours quand je rentre chez moi je suis fatigué. Je me repose alors en regardant la télévision, en mangeant ou en dormant.
Mais il y a un «quelque chose» qui est obligé de me déranger, ce sont mes parents :
- Allez, maintenant tu vas faire tes devoirs !
Je réponds d'un ton suppliant :
- S'il te plaît laisse-moi encore regarder cinq minutes !
Ma mère souffle et me dit :
- Bon, oui, mais juste cinq minutes.
Et moi, d'un ton innocent :
- Oui, oui, maman !
Et juste le temps qu'elle tourne le dos, je saute sur le canapé où je rebondis tout content.
Quelque temps après, ma mère répète :
- Va faire tes devoirs, maintenant !
- Bon, j'y vais...
- Allons dépêche-toi !
Je souffle à mon tour, j’éteins la télé… Je vais dans ma chambre en traînant des pieds. J’ouvre mon sac… pas d’agenda ! Hélas, ma mère revient et le retrouve :
- Ah ?... Tu n’as pas de devoirs… !
Et moi, rayonnant :
- Yesss !
Mais elle tourne les pages et me dit :
- Eh bien, tu vas t’avancer…


Younès

 

Ils aiment…

- J’aime quand mon stylo plume glisse sur les copies, sur les cahiers, même si j’écris n’importe quoi. Le sport, ce n’est pas qu’un sport, c’est une passion. (Eva)

- J’aime bien l’école car on voit ses copines. (Marthiale)

- J’aime bien faire des expériences en SVT. (Halil )

 

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org" class="moz-txt-link-abbreviated mailto">bt[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!

 

Fichier attachéTaille
Version imprimable PDF-En Chantier 13 Enqueter sur l'école84.94 Ko

En Chantier n°13, mars 2010, Un potager agro-écologique

 

Un potager agro-écologique au collège de Rauzan (Gironde)

 

 

Mylène Vézina, professeur de SVT :

       Depuis septembre, deux classes de sixième du collège Pierre Martin de Rauzan en Gironde s’activent autour d’un potager agro-écologique. Les élèves participant à ce projet (divisé en 4 grandes étapes pour rencontrer le programme de SVT de 6ème) ont déjà préparé le compost, conservé du chou par lacto-fermentation, sont présentement affairés à préparer les semis et devront, d’ici la fin de l’année, faire plusieurs observations de leur culture potagère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       L’agro-écologie est un concept qui a été développé pendant plusieurs années par Pierre Rabhi en Ardèche et qui est maintenant transmis aux intéressés par une philosophie d’autonomie alimentaire par l’association Terre & Humanisme (voir <www.terre-humanisme.org>).

       Un potager agro-écologique est une parcelle de terrain cultivée dans le respect de la terre et des espèces qui y vivent. Le sol n’est pas retourné (mais aéré par des outils du type «grelinette») il est structuré par un apport de compost et est protégé par le paillage systématique des cultures. On y laisse pousser les adventices (mauvaises herbes) qui nous aident à analyser la composition du sol et ses besoins. L’arrosage se fait parcimonieusement à l’aide de tuyaux micro-suintants ou encore à l’aide de «cheminées » faites de bouteilles de plastiques retournées dont on a enlevé le fond.

 

 

      L’idée générale de ce projet est d’établir un fil conducteur ancré dans le réel permettant à toutes les connaissances, capacités et attitudes déclinées dans une situation d’apprentissage du programme de 6ème de SVT de s’y rattacher.

      Ce projet développe particulièrement la formation au raisonnement scientifique en offrant aux élèves une «situation déclenchante» motivante, point de départ de la démarche d’investigation. Plutôt que d’amener de petites expériences isolées selon les objectifs du programme, il permet plutôt d’englober tout le programme dans une grande expérience se déroulant sur toute l’année scolaire.

Les étapes du potager sont les suivantes :

Fabrication du compost (octobre-novembre)
Lactofermentation du chou (décembre)
Préparation des semis (janvier-février)
Plantations (mars-avril)
Soins du potager et travail synthèse (mai-juin)

Les élèves ont d’abord participé à la fabrication du compost en se divisant les tâches : aération de la terre ; couches de pailles ; trempage de la paille dans la soupe d’activation (eau et fumier mélangés) ; couches de fumier de vache ; couches de déchets verts (taille d’arbres, herbe coupée) ; arrosage du compost ; et paillage final.

  

Préparation du compost en automne                                                                          Soupe bactérienne activatrice

 

Ensuite, nous avons travaillé sur la conservation des légumes et avons expérimenté la lacto-fermentation du chou. Les élèves ont dû râper le chou, bien le tasser dans un bocal, ajouter un peu de sel et de l’eau. Deux mois après, ils ont ouvert les pots pour goûter à leur chou parfaitement conservé.

 

Puis, est venu le temps des semis. Nous avons d’abord fait plusieurs expériences avec des semences «test» (haricots noirs, lentilles rouges, graines de courge) pour connaître dans quelles conditions la germination était la plus efficace. Certains élèves ont testé la germination sans lumière, sans chaleur, avec des cailloux, avec du savon, avec du colorant… Nous en avons déduit que c’était lorsque la graine était plantée dans le terreau humide et gardé au chaud (au moins 20°C) que la germination était la plus efficace.

    
conservation des légumes                                                                     expérience avec des semis-tests
bocaux de chou conservé par lacto-fermentation                              pour connaître les conditions de germination efficaces



Dans le même temps, les élèves ont parcouru le catalogue de semis de l’association Kokopelli (une association qui se charge de préserver les variétés anciennes, voir <http://www.kokopelli.asso.fr/boutic/index.htm> et les élèves ont, en équipe de deux, sélectionné quelles plantes seront installées dans le potager selon la famille botanique qu’ils avaient choisi (12 familles botaniques). Nous avons ensuite étudié les choix des équipes, modifié certaines sélections selon l’avis général de la classe et passé la commande chez Kokopelli.

 

L’étape suivante fut de préparer les semis. Encore une fois en équipe de deux, les élèves se sont occupés de mettre en terre dans de petits godets construits avec du papier journal à encre noir les semences dont ils étaient responsables (toujours selon la famille botanique qu’ils avaient choisie). Ils doivent maintenant mesurer la croissance des plants et la consigner dans un rapport de laboratoire.

 

 

 

 

Dès que les derniers risques de gel seront écartés, nous pourrons planter en pleine terre nos semis ainsi que les variétés de légumes qui ne nécessitaient pas de semis (exemple, les tournesols, les maïs, les carottes, etc.). Entre temps, nous installerons de l’osier vivant et de l’osier sec pour décorer notre jardin et tuteurer les légumes nécessitant un appui (tomates, concombres). Nous espérons qu’en mai-juin-juillet, nous pourrons récolter plusieurs légumes et goûter aux fruits (légumes !) de notre travail.

 

Les élèves de Rauzan sont en contact avec une autre classe (du collège Philippe de Commynes à Tours) ayant un projet semblable. Pour l’instant, comme nous sommes dans la saison de repos, peu d’échanges ont été réalisés mais aussitôt que nos semis auront levé, des photos leur seront envoyées.


La liste des semences que nous avons choisies et commandées chez Kokopelli (voir <www.kokopelli.org>) est donnée à la fin de cet article.

Si vous avez un projet semblable dans votre école, n’hésitez pas à communiquer avec nous, les jardiniers en herbe ont soif de partage de connaissances !

A bientôt pour d’autres nouvelles !


 Mylène Vézina, Prof SVT,
Collège Pierre Martin, 33420, Rauzan.
<mylenevez[arobase]yahoo.com>
 
 

 

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org" class="moz-txt-link-abbreviated mailto">bt[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!

Fichier attachéTaille
Version imprimable PDF-En Chantier 13 Jardin agro-ecologique847.84 Ko