En Chantier n°21, mai 2015

 

 

En Chantier, Publication du Chantier de Recherche documentaire de l'ICEM Pédagogie Freinet : productions de classes, recherches documentaires, exposés,  témoignages, pratiques...
Pour donner-trouver des idées : pour des élèves acteurs et auteurs de leurs savoirs.
Le bulletin n'est plus périodique, nous ajouterons vos articles dès leur réception.
 
Sommaire : Une classe sans notes, une expérience de recherche : le concours national de la Résistance,  l'atelier "mondes imaginaires" aux Journées d'Études d'octobre 2014, la recherche documentaire dans le premier degré, la classe-presse
 

Une classe sans notes

Le texte est issu d'un entretien entre Hélène Pico et Lucie Chanu

 

Lucie : Dans ton collège la Principale te propose un projet de classe sans note, peux-tu nous en dire plus ?
Hélène : Elle a en effet répondu à une proposition institutionnelle d’une classe sans note pour la rentrée 2014. Elle m’a demandé d’en être le professeur principal et d’en assurer le pilotage car depuis 3 ans j’enseigne en pédagogie Freinet sans aucune note sans pour autant suivre le livret de compétence !

Lucie : Pourrais-tu nous expliquer ta vision d’une classe sans note et ensuite comment tu comptes faire avec cette proposition institutionnelle ?
Hélène : La note est un reflet très orienté d’un travail d’élève, elle ne représente pas toutes les qualités mises en œuvre. Dans la note n’intervient pas l’aptitude des élèves à participer au cours ni son engagement dans le travail, sa persévérance dans l’effort notamment, sa capacité à retravailler un devoir… Par ailleurs, la note crée, introduit en plus une hiérarchie qui favorise les favorisés.

Lucie : Cela permet-il de ne pas stigmatiser les élèves en difficulté ?
Hélène  : Oui car on leur reconnaît des compétences qui sont niées par ailleurs : la participation, l’esprit : coopératif, l’initiative, la créativité : un ensemble de savoir-faire et de savoir- être pour un travail donné.

 Lucie : Ne risque-t-on pas d’évaluer aussi leur personnalité ?
Hélène : Non, car on en reste aux travaux fournis en classe et non à leur personnalité dans leur intégralité. Il s’agit de compétences liées au fonctionnement de la classe. En même temps, savoir personnaliser sa lecture, sa production écrite est aussi une compétence qu’on évalue. En effet, savoir bien lire, savoir bien écrire, c’est investir personnellement sa lecture ou son écrit. Cette personnalisation demande d’ailleurs de passer par des connaissances extérieures : c’est quand on connaît une variété importante de courants littéraires que l’on ne se cantonne plus, par exemple, à une description pauvre reçue de l’enseignant.

Lucie : Donc la question de la personnalité est complexe dans le sens où on n’évalue pas leur personnalité mais on leur demande tout de même de personnaliser leurs apprentissages. Et quelle forme prennent tes évaluations ?
Hélène : Cette rosace provient du collège de Sainte-Maure où une équipe avait choisi des compétences communes à toutes les disciplines comme la créativité, la capacité à s’exprimer ou à travailler en groupe…
Les 4 cercles concentriques vont en partant du centre de : «  non satisfaisant » à « très satisfaisant ».

 
 
Lucie : Pourrais-tu maintenant nous parler du projet institutionnel ?
Hélène : Son but est de mettre en œuvre le livret de compétence pour évaluer le socle commun. Mais j’ai refusé d’emblée de participer à ce projet en suivant le livret de compétence et ma principale a accepté : elle soutient mes initiatives pédagogiques depuis le début. La classe sans note ne signifie pas évidemment que l’on réussisse à passer à une pédagogie Freinet.

Lucie : Comment l’équipe se met-elle en place ?
Hélène : C’est la principale qui va décider. Il faudra nécessairement qu’il y ait une coopération entre les professeurs pour établir des critères communs de compétences. Je vais proposer les critères que j’ai moi-même constitués mais il est difficile pour un professeur de changer sa pédagogie en commençant par les notes. Quand les profs commencent à changer leurs méthodes, ils ont tendance à vouloir des recettes car ils n’ont pas encore expérimenté ou mûri leurs pratiques. D’autres classes ont déjà tenté cette expérience et il faudra tenir compte des bilans qu’ils ont faits.

Lucie : Ce projet existe-t-il nationalement ?
Hélène : Oui il est lié à l’idée de socle commun et de livret de compétence qui se mettent en place depuis un moment. On part de cette idée assez juste selon laquelle on ne peut pas chiffrer des savoir-faire et des savoir-être et pourtant ceux-ci interviennent aussi dans l’apprentissage mais mettre une croix dans une case comme le propose le livret de compétence est très insuffisant. Si on veut évaluer par compétence il faut fabriquer des mots, une réflexion et donc avoir une optique pédagogique. L’idée de compétence suppose aussi de se concerter entre disciplines. Or cette concertation, cette cohésion de l’équipe est difficile à mettre en place dans une période où rien n’est prévu pour ça et que seul le bénévolat le permet.

Lucie : Quels bienfaits observes-tu de la disparition des notes ?
Hélène : Ce qui m’a beaucoup étonné c’est que dès que les notes disparaissent, elles disparaissent aussi dans la tête des élèves : ils n’en ont plus besoin, ils ne les demandent plus. Je ne m’attendais pas à ça. Ils ne comparent même plus avec les autres matières où ils ont encore des notes.
Ensuite l’effet essentiel est la détente dans la classe, il y a beaucoup moins de tension. C’est aussi facteur d’égalité car les distinctions qui s’opèrent, entre ceux qui participent et ceux qui ne le font pas, entre ceux qui coopèrent ou non, sont des distinctions qui peuvent changer facilement, contrairement aux notes qui évaluent bien davantage des capacités que tous les élèves n'ont pas à égalité. Ce ne sont plus les résultats ou les difficultés qui sont sanctionnés mais les manquements au règlement intérieur fixé de manière coopérative. Là où la note arrête le progrès, les élèves acceptent ici de continuer à travailler car ils ont la gratification de réussir dans leurs apprentissages. J’ai observé avec plaisir le ravissement des élèves lorsqu’ils apprennent, comprennent, progressent. La note était porteuse de blocages qui se délitent peu à peu. C’est le gai savoir.

Lucie : Penses-tu qu’à partir d’un projet sans note on puisse passer à un projet Freinet ? Ici il semble bien que la disparition des notes aille de paire avec un ensemble de valeurs liées à la méthode Freinet, non ?
Hélène : Si j’ai accepté le pilotage c’est justement à cause de ce vécu positif, c’est ce que je peux transmettre aux professeurs. Certains sont intéressés, ils sont parfois venus voir ce qui se passe dans mes classes mais ils ont toujours plein de bonnes raisons de ne pas s’y mettre.

Lucie : Quels sont les effets sur les élèves en difficultés ?
Hèlène : Ils sont moins stigmatisés car avec ce système ils ne peuvent pas se classer.
Lucie : Ils n’essaient pas tout de même de reproduire des hiérarchies ?
Hélène : Pas vraiment. Ils pourraient le faire puisque je colorie la partie acquise et non acquise mais ils ne hiérarchisent pas et je n’ai jamais eu de contestation.
Lucie : Est-ce que le risque n’est pas d’évaluer en permanence alors qu’on aurait peut-être surtout besoin d’arrêter ces évaluations perpétuelles ?
Hélène : C’est une question qui me turlupine et je lutte pour ne pas plaquer l’ancien système que j’ai encore en tête. Il faudrait ici un regard extérieur.
En sortant du système leçons/ contrôle, j’ai observé une forte détente . Pourtant j’ai remarqué, lorsqu'ils sont en contrôle, une surexcitation qui m’interroge : les enfants sont certes tendus mais ils ont des montées d’adrénaline qui les poussent aussi à se dépasser. Il y a là un plaisir qu’il ne faut pas nier, c’est le plaisir du challenge, du défi ou de la compétition. Je constate d'autre part que lors du rallye latin les élèves sont en concurrence mais tout reste ludique.
Lucie : Tout esprit de compétition n’est pas nocif, il l’est lorsque ce sont toujours les mêmes qui perdent. Il faudrait s’interroger sur la compétition et l’apprentissage. La concurrence semble nocive mais est-ce le cas de toute compétition ? Il existe par exemple les défis mathématiques dans la méthode Freinet.

Hélène : Je vais creuser le sujet. Ce qui me plaît aussi c’est la complicité qui se crée plus facilement avec le professeur car on a plus de temps pour chacun. C’est aussi une relation affective et ils ont plaisir à réussir pour le professeur.

Lucie : Si tu avais un bilan à faire de ces années sans note ?
Hélène : J'inscris souvent mes impressions sur de petits bouts de papier, que je reprends ensuite : pour l'instant c'est mon seul bilan. Ce qui est sûr c’est que je ne peux pas revenir en arrière ni sur les notes ni dans la méthode Freinet. J’ai expérimenté plusieurs changements dans ma carrière et je suis heureuse d’avoir franchi ce cap, même si je me sens encore très loin de l’application de la méthode Freinet comme elle est décrite : la correspondance, le texte libre restent en chantier…



 

 

Une situation de recherche : le concours national de la Résistance.

Le thème du concours national de la Résistance de 2014 était :
La libération du territoire et le retour à la République

Dans le lycée des métiers du Bâtiment où j'exerce la fonction de documentaliste, une enseignante de Lettres/histoire, appelons-la Daisy, se lance dans le concours avec ses élèves de terminale bac pro Installations thermiques, entraînant une collègue de Lettres/histoire, disons Soha, avec sa classe de Première Bac Pro Maintenance des Bâtiments Collectifs.
Comme de nombreux élèves sont originaires d'Afrique et principalement de l'Afrique ayant fait partie de l'empire français, Daisy souhaite centrer le travail sur la libération du territoire métropolitain par les troupes coloniales, espérant entre autres recueillir des témoignages voire des documents d'archive auprès des élèves et de leur famille (livret militaire, lettres..).

Soha et moi-même sommes inquiètes :
- Avons-nous le savoir nécessaire pour accompagner le travail des élèves ? Il nous semble que traiter la question suppose de bien connaître des faits précis et de les articuler avec une histoire plus vaste des indépendances.
- Sommes-nous assez solides pour faire face à d'éventuelles réactions idéologiques ou émotionnelles (indignation, hostilité, esprit de revanche...) ?
Daisy, elle, est confiante.
Après des tâtonnements, des discussions, le sujet qui sera traité sera « La libération du territoire par les troupes coloniales et le difficile retour à la République ». La production finale sera un Powerpoint et un arbre du souvenir fabriqué par l'atelier installations Thermiques

Nous nous lançons donc dans la constitution d'une bibliographie et d'une sitographie. Nous nous rendons à l'ECPAD. Daisy emmène ses élèves au musée Jean Moulin, où ils commencent à prendre le « goût de l'archive ».
Un appel à témoins est lancé dans le lycée par voie d'affiches et de flyers :
 
La classe de TITH prépare le Concours national de la Résistance sur le thème
« la libération du territoire et le retour à la république »
Les élèves traiteront le sujet « la libération du territoire par les troupes coloniales »
Les élèves recherchent des documents
- Photos
- Papiers militaires
- Témoignages
Peut-être connaissez-vous des personnes ayant des ancêtres africains qui ont participé
à la Seconde Guerre mondiale et qui pourraient fournir des documents .
Ces documents serviront à faire un « arbre du souvenir ».
Merci d’avance pour votre contribution au projet

Étant donné que nous ne sommes pas des spécialistes de la période, que nous élaborons avec les élèves la façon de traiter le sujet, laissant une grande place, à leur décision, nous sommes nous-mêmes en situation de recherche. Il ne s'agit pas de transmettre ce que nous savons mais bien d'encadrer la recherche des élèves, qui se mettent à interroger les sources, à les soupçonner.
C'est ainsi que, pour les points traités dans le détail, nous avons appris en même temps qu'eux et grâce à eux. Ce n'était pas une mince affaire que de chercher dans les archives de l'armée les noms des soldats africains « morts pour la patrie », le lieu et la raison du décès. C'était une grande joie de découvrir avec les élèves comment un document d'archive est traité pour devenir un outil de propagande.
Dans les deux classes, des élèves se sont impliqués personnellement ; les groupes ont choisi leur thème de recherche spécifique une fois le cadre donné et après que les principales informations aient été fournies, les ouvrages et documents acquis restant disponibles au CDI.
Le résultat final qui pourra être prochainement mis en ligne sur le site de l'ICEM témoigne de ce travail d'authentique recherche, rompant avec le schéma de l'enseignement caricaturé dans la description suivante : l'école, c'est quelqu'un qui pose une question dont il connait la réponse à d'autres qui ne la connaissent pas.
 
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L'atelier "mondes imaginaires" aux Journées d'Études d'octobre 2014

 
Je me suis intéressée au thème dès octobre 2013 :
une collègue ayant participé à cet atelier lors du Congrès de Caen a présenté son vécu au DD, et nous avons pu suivre toute l’année le travail mené dans sa classe.
 
monde foot
et monde nuages
 
par les élèves de Claire (CE2)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Si j’étais encore en activité, je l’aurais certainement proposé à mes collègues vu les possibilités de travail en équipes interdisciplinaires qu’il offre tant au Collège qu’au Lycée.
Un atelier étant inscrit au programme des J.E. (2h30 de travail le matin, pendant 3 jours), j’y ai donc participé.
 
Dans un premier temps, nous sommes invités à une mise en situation. Par équipes de deux, nous avons une heure pour concevoir un monde imaginaire et l’expliquer. Il est possible de dessiner, écrire un texte ou sortir pour l’édifier avec ce qui est disponible dans le parc (le récit par Sophie de ce moment partagé avec elle http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/43604 )
Ces mondes sont ensuite présentés au groupe et la réflexion sur les apports pédagogique de cette activité nait de ces débats. En voici un résumé.
 
La consigne de départ est simple : chacun conçoit et dessine un monde imaginaire et pense à la manière d’expliquer comment fonctionne ce monde.
Les enfants produisent donc des cartes et les présentent au groupe. Il n’y a pas de tâtonnement expérimental dans ce premier jet. Il vient avec la confrontation aux problèmes posés lors de la présentation et les recherches nécessaires pour les résoudre.
Par exemple :
- la présence d’une rivière qui remonte une colline amène un questionnement sur l’attraction et le magnétisme,
- un lac sucré éveille une recherche sur les plantes sucrières,
- un monde porcelaine permet de trouver comment est fabriquée la porcelaine.
- établir comment se nourrit un animal extraordinaire amène une réflexion sur la digestion : il y a une manipulation des concepts qui ne se fait pas à partir de la simple observation du corps humain.
 
Le désir de chercher trouve sa source dans le monde imaginaire et celui-ci s’enrichit des recherches sur le monde réel au cours de plusieurs aller et retours et le groupe aide chacun à conceptualiser et comprendre le monde réel.
On observe une résistance des enfants à entrer dans le monde des didacticiens, ils ne s’y reconnaissent pas. Le monde imaginaire est un langage, les enfants y parlent d’eux, il est projection de soi et permet ainsi une médiation. Des résistances peuvent pourtant exister, ainsi l’enfant qui ne peut imaginer autre chose que sa ferme.
La culture du maître dans les différentes disciplines peut influer sur les recherches. Il faut donc veiller à ne pas répondre ni induire de pistes immédiatement mais à donner du temps.
 
Pour conclure, le texte de Damien à propos de sa pratique
http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/43274
 
 

La recherche documentaire dans le premier degré

Des occasions pour apprendre

Interview de Philippe Wain

par Joëlle Brault et relecture par Hélène Duvialard  

 
Philippe Wain a été instituteur à l'école de Bauzy, un petit village du Loir et Cher, dans une classe de 3 à 4 niveaux. Le chantier Doc2D l'a rencontré lors du chantier Outils à Annonay en mars 2015. Il témoigne de la place de la recherche documentaire dans sa classe primaire multiniveaux.
 

  

Quand les enfants étaient-ils en situation de recherche ?

Les enfants étaient dans ma classe plusieurs années. J'avais l'habitude de faire le point en début d'année sur les questions qu'ils se posaient. On essayait de cerner ces questions, de chercher dans quel grand domaine de la connaissance elles se situaient, de voir quels croisements on pouvait faire avec d'autres questions, d'autres domaines.

D'autres moments étaient saisis :

- Les temps de travail individuel : c'est un temps qui peut être utilisé pour écrire un article dans le journal, une lettre aux correspondants, pour préparer une production, une présentation ou pour faire une recherche,

- Sur l'emploi du temps général de la classe aussi, dans le cadre d'un projet ou suite à des demandes extérieures, des correspondants ou de collègues.

Par exemple, présenter notre milieu aux correspondants peut nécessiter recherches ou enquêtes.

- Faire le compte rendu d'une visite qu'on a tous faite peut aussi demander que les enfants fassent des recherches pour compléter ou approfondir.

- Le Quoi de neuf ? peut aussi susciter des questionnements et donner matière à approfondissement par la recherche.

De manière générale, nous avions l'habitude de profiter des situations qui se présentaient

- Par exemple un travail sur les titres des unes de la Nouvelle République du Centre-Ouest est l'occasion de travailler la langue mais aussi de faire des recherches sur les événements relatés.

Parfois une simple affiche pouvait servir de point de départ à un questionnement et donc à une recherche.

- La lecture quotidienne des textes d'un calendrier perpétuel nous faisait voyager dans le temps et sur tous les continents : point de départ possible pour des recherches, mais aussi travail sur le vocabulaire, sur les repères géographiques et historiques,...

La part du maître dans l'accompagnement à la recherche

On commence par formuler une liste de questions que l'on se pose par rapport au sujet. Les enfants en font part aux autres dans un moment collectif. Les plus grands pourront alors éventuellement prendre en charge les questions des plus petits. On regroupe ensuite les questions pour obtenir un plan travaillé, un sommaire. Quand on a les élèves 3 ou 4 ans, c'est plus facile de donner des habitudes. On n'a pas non plus la limite des disciplines comme dans le second degré.

 

Où cherche-t-on ?

Le fonds documentaire dans une petite école n'est pas forcément très riche. La classe est abonnée à BTJ et FTJ en ligne. On peut faire appel aussi à des personnes ressources, à des témoins, à des documents produits par d'autres classes.

Le problème d'Internet, c'est la fiabilité et la complexité. Ils ont tendance à recopier. Il m'arrivait parfois de refaire des documents compréhensibles par les enfants, à partir de sources trouvées sur Internet ou dans des documents.

 

Quelle restitution ?

Je demandais aux enfants d'écrire un paragraphe qui réponde à chaque question, en ne notant que ce qu'ils ont compris. Chaque travail étant retransmis à la classe, il faut donc se faire comprendre par tout le groupe. Certains parents ne comprennent pas que des travaux de recherche faits à la maison avec leur appui soient repris en classe pour être simplifiés ou réécrits.

Le résultat des recherches peut prendre la forme d'un affiche, d'un fiche documentaire qui alimentera la bibliothèque de la classe ou qui sera envoyé aux correspondants. Le plus souvent, leurs travaux sont publiés dans le journal de la classe.

Les enfants ont aussi réalisé deux FTJ, l'une sur le land art à Chaumont sur Loire, l'autre sur les étangs de Sologne. L'important est de laisser une trace.

Pour qu'un document produit puisse être communiqué à d'autres, la mise en page doit être réussie. C'est l'occasion aussi de travailler la maquette, la mise en page.

 

Que pensent les élèves de la recherche documentaire ?

Pas grand chose ! Ils ne peuvent pas trop comparer avec d'autres manières d'apprendre. Si le sujet les intéresse, ils sont contents.

 

Quel intérêt y vois-tu ?

Pour moi, l'essentiel n'est pas que les enfants aient des connaissances encyclopédiques à l'entrée au collège. Une grosse partie du programme sera d'ailleurs refait. Mon but était surtout de susciter leur curiosité, de les aider à être autonomes, qu'ils développent des attitudes et des aptitudes et qu'ils aient dans leur bagage quelques connaissances solides et vraiment acquises.

 

La classe presse

 

 

Au Collège Philippe de Commynes de Tours, des collégiens s'exercent avec talent au journalisme.

 

Hélène Duvialard est professeur-documentaliste au collège Philippe de Commynes de Tours. Elle y anime un club radio, un club UNESCO et, avec un collègue enseignant de Lettres, une classe presse. Elle est aussi membre du Chantier Doc2D de l'ICEM Freinet.
 
 

La classe presse
Elle concerne des élèves de 4ème qui se sont inscrits à l'option en juin de l'année précédente et bénéficient de 2 heures sur leur emploi du temps, cinq élèves de 3ème anciens de la 4ème presse, ils se retrouvent sur le temps méridien. Le profil de ces volontaires ? Pas forcément de "bons" élèves, il n'y a pas de notes, ça ne paie pas ! Des jeunes qui connaissent bien le CDI, qui sont en confiance avec la documentaliste.
Les élèves-journalistes sont invités à observer leur environnement, choisir des événements qui les intéressent ou qui suscitent chez eux des interrogations.
Parmi les objectifs de la classe-presse : éveiller la curiosité, interroger le monde, leur monde. Leur donner confiance en eux aussi : "je vois des choses autour de moi, au collège, à la maison. Je me pose des questions, certaines choses m'indignent, d'autres me plaisent…" C'est le point de départ qui amène à faire des recherches, à interroger d'autres personnes, à faire des rencontres, à s'ouvrir au monde et aux autres.
Les séances commencent souvent par un point presse, un quoi de neuf dans la presse aujourd'hui.
 
Des exemples de sujets choisis par les élèves ?
Ce sont souvent des sujets graves, même si on s'autorise des espaces de liberté et de fantaisie dans les titres, par exemple, en jouant avec les mots.
 

Qu'est-ce que je risque avec Internet? La ruche du collège, Pourquoi certains métiers sont-ils difficiles d'accès pour les femmes ? Le harcèlement à l'école, la maltraitance des animaux, la poule, c'est cool !, les licenciements chez Michelin, les élections en Grèce…

 

Parfois c'est raté comme sur ce dernier sujet où les élèves n'ont fait que réunir des chiffres et ne se sont pas intéressés à ce que vit le peuple grec.
Il ne s'agit pas de singer la presse adulte, on incite les élèves à écrire pour leurs camarades et sur des sujets qui les concernent eux-mêmes. L'exigence est donc d'être compréhensible et cela peut donner lieu à plusieurs réécritures. Pour stimuler la coopération, les élèves relisent les textes de leurs camarades et suggèrent des corrections ou demandent des éclaircissements pour ce qu'ils ne comprennent pas bien.
 
La diffusion de leurs productions passe par un journal, "Le presse-papier" qui paraît deux ou trois fois par an et dont la devise est "Rien ne cerf de bramer" ! Un journal avec des articles, des interviews, des articles littéraires ou scientifiques, des jeux de mots et un édito. Illustré par leurs dessins, leurs photos ou des photos libres de droit. Comme toute publication scolaire, il est soumis à l'autorisation du chef d'établissement, et certains articles ont dû être écartés parfois. Le journal a été vendu cette année au profit du projet de coopération du collège avec le Burkina Faso.
 
 

 

Phil FM, de la FM à la webradio

 

La radio du collège diffuse depuis plus de vingt ans ! Un studio est installé dans une pièce qui jouxte le CDI.
Le matériel est amorti depuis longtemps : un ordinateur muni du logiciel Cool Edit Pro (devenu depuis longtemps Adobe audition) pour l'enregistrement, un ordinateur réformé équipé du logiciel libre Edcast pour la diffusion, une table ronde, 4 micros, une table de mixage (la deuxième en 20 ans) , un enregistreur numérique Zoom H4 pour les reportages, des câbles de micro et ça suffit.
Les membres du club radio sont volontaires, ils se réunissent deux fois par semaine sur la pause méridienne et profitent également de leurs moments libres dans l'emploi du temps pour passer au CDI et continuer leurs émissions. 
L'expérience de la radio est riche pour les élèves : il faut se documenter sur le sujet abordé, produire un écrit préparatoire et il faut savoir ensuite bien porter le texte à l'oral, rechercher un parler articulé, rythmé, habité, qui ne doit pas apparaître comme platement lu mais plutôt comme dit, parlé, un peu comme s’il était improvisé. Il faut aussi apprendre les différents "métiers" : animateur, intervenant, régisseur,…
Il y a les émissions "sérieuses", magazines culturels ou scientifiques, interviews de spécialistes, débats sur des sujets d'actualité, revues de presse, chroniques sportives, etc…
Mais la créativité est encouragée et les élèves s'amusent aussi !
Par exemple ils produisent un journal radio ne donnant que des informations inventées par eux, des interviews imaginaires (Bernard l'épinard, le monstre du Loch Ness, Adam et Eve,…), des dialogues (entre Olympe de Gouges et Marie-Antoinette, entre Bucéphale, cheval de guerre et Gustave, cheval de trait…), un horoscope délirant, un spot publicitaire pour un produit qui n'existe pas, un abécédaire radiophonique,…
 
Pour écouter Phil FM en ligne, vous avez l'embarras du choix :
- les blogs les plus anciens de la radio :
http://lewebpedagogique.com/philfm/ 
http://lewebpedagogique.com/philfm2/

 

- le blog de la recherche documentaire en 6ème 
http://lewebpedagogique.com/cherchetrouve/
 
- Nos journées de direct sur le site de la webradio académique del'académie d'Orléans-Tours : 
http://webradio.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?rubrique9

   

- Et depuis peu, le site du collège :
http://clg-philippe-de-commynes-tours.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?rubrique80

 

propos d'Hélène recueillis par Joëlle Brault